La découverte des corps de deux bébés par des gendarmes à proximité d'une ferme à Saint-Loubouer (Landes), au sud de Mont-de-Marsan, a donné une nouvelle ampleur à une dramatique affaire d'infanticide dans une famille nombreuse.
Dans une enquête qui avait déjà débouché, fin décembre, sur la mise en examen d'une femme de 28 ans pour infanticide, les gendarmes ont fait lundi la macabre découverte dans le fossé de cette ferme, à quelque 20 kms au sud de Mont-de-Marsan.
Les corps se trouvaient dans un sac poubelle et doivent être autopsiés mercredi, a précisé le procureur de la République Jean-Philippe Récappé.
Les enquêteurs agissaient dans le cadre de l'information judiciaire ouverte après les aveux de cette femme, qui avait affirmé avoir laissé son bébé, né en septembre 2013, se noyer dans le lac d'Agès, également au sud de Mont-de-Marsan.
Le corps de Nicolas, tué à peine 24 heures après sa naissance, n'avait pas été retrouvé en dépit de recherches dans le lac, mais la mère avait été mise en examen le 28 décembre pour "homicide d'ascendant sur mineur de moins de 15 ans" et écrouée. Ses autres enfants, un garçon de six ans et deux fillettes de 5 et 2 ans, avaient été confiés à leur grand-mère paternelle.
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Après l'incarcération de la mère pour l'homicide de Nicolas, la grand-mère paternelle "a parlé à une psychologue du Conseil général et lui a dit +Je n'ai pas tout dit, il y aurait un deuxième enfant+", a déclaré le procureur lors d'un point de presse mardi.
Le lendemain, cette grand-mère a été placée en garde à vue, tout comme son fils, le compagnon de cette femme, qui a finalement donné des précisions sur l'endroit où la mère a pu laisser cet enfant.
Dans l'attente de l'autopsie
Selon ses indications, cet autre bébé, prénommé Arthur, mort-né en 2012, a été conservé pendant 15 mois dans un congélateur avant d'être laissé dans le fossé.
En se rendant sur place, les gendarmes ont découvert non pas un mais deux corps de bébés. Les autopsies permettront de déterminer les circonstances de la mort et si le corps du deuxième correspond bien à celui du petit Nicolas, dont une mèche de cheveux a été conservée.
L'affaire avait démarré après un appel de la même grand-mère aux services de protection de l'enfance, alors qu'elle voulait retrouver le petit Nicolas, dont son fils lui avait dit qu'il avait été abandonné dans un hôpital. Ne retrouvant aucune trace du bébé de trois mois, jamais déclaré, ces services avaient alerté la justice.
Le Parquet de Mont-de-Marsan avait alors décidé de placer les parents en garde à vue, le 26 décembre, et la mère avait fini par affirmer qu'elle avait laissé le bébé se noyer dans un lac des Landes.
La mère n'a pas encore été entendue sur la découverte des deux corps, a déclaré à l'AFP l'un des avocats, Me Pierre Blazy.
Le père, lui, a été mis en examen et écroué pour "non-dénonciation de crime et recel de cadavre".
En décembre, également placé en garde à vue, il avait semblé avoir un véritable "choc émotionnel" en apprenant les aveux de sa compagne, croyant que l'enfant était encore en vie.
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L'homme, qui avait un problème de dépendance à l'alcool, était au chômage depuis un an et demi. Il avait expliqué que lui et sa femme pensaient ne pas avoir les moyens d'élever un quatrième enfant, d'où la décision de l'abandonner.
Un drame relevant de la "misère sociale", avait dit le procureur. "La conjonction de deux malheureux peut produire des cataclysmes", a aussi déclaré mardi Me Blazy, évoquant la "détresse inouïe" de sa cliente.
Le couple et les trois enfants s'étaient installés dans le village landais de Serres-Gaston, il y a un peu plus un an, et avaient des difficultés à payer le loyer du logement communal où ils étaient installés, place de l'Eglise.
La mère, également sans emploi, touchait elle aussi le revenu de solidarité active (RSA). Personne dans son voisinage ne s'était aperçu de sa dernière grossesse, du fait de sa corpulence. Les enfants avaient été décrits par une voisine comme "très gentils", "polis" et "bien habillés".
La maire de Saint-Loubouer, Alice Lalanne, n'a pas souhaité s'exprimer sur l'affaire, se disant simplement "sous le choc".