En direct
A suivre

Syrie : comment fonctionnait la prison de Saydnaya, «l'abattoir humain» du clan al-Assad ?

Les prisonniers de Saydnaya, principale prison du régime syrien, ont été libérés après la fuite de Bachar al-Assad. Des centaines de milliers de personnes y ont été détenues dans des conditions inhumaines.

La prison de Saydnaya, également connue sous le nom d'«abattoir humain», située à environ 30 kilomètres de Damas, est devenue l’un des symboles des abus du régime syrien de Bachar al-Assad depuis le début du conflit en 2011. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, plus de 100.000 personnes sont mortes dans les prisons du régime.

À Saydnaya, l’Association des détenus et disparus estime que 30.000 prisonniers ont été exécutés entre 2011 et 2018. Construite en 1987 sous le règne d'Hafez al-Assad, cette prison était réservée aux opposants politiques et aux individus accusés de terrorisme, une accusation fréquemment utilisée contre les dissidents.

Un système de torture permanente

Divisée en deux blocs, elle abritait d’un côté des soldats suspectés de déloyauté envers le gouvernement et, de l’autre, des civils issus de toutes les catégories sociales. Amnesty International la qualifie dans un rapport de 2017 d’«abattoir humain», décrivant des pendaisons hebdomadaires et des simulacres de procès expédiés en quelques minutes.

Les conditions de détention étaient particulièrement dures selon les rares survivants. Les prisonniers, battus dès leur arrivée, vivaient dans des cellules surpeuplées, recevaient peu de nourriture et subissaient des humiliations constantes. La torture n’y visait pas à obtenir des aveux, mais à exercer une forme de punition systématique pour ces personnes jugées hostiles au régime d'al-Assad.

Des «chambres de sel» pour conserver les cadavres

Des règles strictes encadraient leurs comportements, comme l’obligation de se prosterner face aux gardiens. La prison est également connue pour ses «chambres de sel», utilisées pour conserver les cadavres.

Cette technique a été adoptée faute de chambres froides. Les corps étaient entreposés dans ces pièces avant d’être transportés dans des fosses communes. Ce sel, essentiel pour la conservation, constituait un paradoxe cruel : les prisonniers, eux-mêmes privés de sel dans leur alimentation, souffraient des graves conséquences de cette carence.

Des méthodes comparées «à l'Holocauste»

Les rares survivants, comme Abdo, un ancien détenu interrogé par l’AFP, décrivent ces pratiques comme profondément traumatisantes. Abdo raconte avoir découvert des cadavres dans une «chambre de sel» en 2017, où il avait été temporairement placé.

Ces témoignages, corroborés par des enquêtes internationales, documentent un système pénitentiaire conçu non seulement pour punir, mais aussi pour terroriser. David Crane, expert ayant certifié le tristement célèbre rapport César, avait affirmé auprès de l'Express que le régime de Bachar al-Assad avait mis en place «une industrie de la mise à mort jamais vue depuis l'Holocauste».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités