L'Arabie saoudite a franchi le cap des 300 exécutions cette année, dépassant son ancien record des 196 mises à mort en 2022. Un tiers des prisonniers avait été condamné pour des faits liés au trafic de drogue.
Un triste record. Selon un décompte de l’AFP, basé sur une suite d’annonces du ministère saoudien de l’Intérieur, le nombre d’exécutions en Arabie saoudite a dépassé les 300 cette année seulement.
Quatre personnes, condamnées pour des délits de droit commun, ont récemment été exécutées, portant ainsi le nombre d’exécutions à exactement 303 depuis le début 2024, soit un rythme de presque une par jour.
Selon l’ONG Amnesty International, qui comptabilise depuis 1990 les exécutions dans cette monarchie du Golfe suivant une application rigoriste de la loi islamique, le royaume est le pays qui a exécuté le plus de prisonniers au monde en 2023, après la Chine et l’Iran.
Néanmoins, l’année dernière, l’Arabie saoudite avait exécuté presque moitié moins de personnes qu’en 2024 : 170 au total, toujours selon un décompte de l’AFP. Auparavant, le nombre d’exécutions record en une seule année en Arabie saoudite avait été de 196 en 2022 et de 192 en 1995, d’après Amnesty.
des exécutions «incompréhensibles et d’inexplicables»
Taha al-Hajji, directeur juridique de l’ONG l’European Saudi Organisation for Human Rights (ESOHR), a qualifié les exécutions de cette année d’«incompréhensibles et d’inexplicables», s’élevant contre la «vitesse» à laquelle elles ont été menées.
La responsable de la communication de l’organisation de défense des droits humains ALQST, Lina al-Hathloul, a confirmé que le nombre d’exécutions était «sans précédent». «Ce sombre bilan montre le mépris flagrant des autorités saoudiennes pour le droit à la vie et contredit leurs propres promesses de limiter le recours à la peine de mort», a-t-elle ajouté.
L’Arabie saoudite est, depuis longtemps, critiquée pour son recours à la peine de mort, que les groupes de défense des droits humains estiment comme étant excessif et en contradiction avec l’image moderne que s’efforce de donner le pays. De plus, en 2022, le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du pays, avait affirmé au média The Atlantic que le royaume avait limité la peine de mort aux crimes majeurs.
«Les chiffres ne mentent pas et contredisent complètement ces déclarations», a souligné Taha al-Hajji.
des milliers d'exécutions en chine
Cette année, 103 prisonniers exécutés avaient été condamnés pour des faits liés au trafic de drogue, soit un tiers du chiffre total. Le royaume a mis fin en 2022 à un moratoire, un délai, de trois ans sur l'exécution des auteurs d'infractions liées à la drogue. 45 personnes ont été exécutées pour des «affaires liées au terrorisme».
D’après l’Amnesty, le nombre d’exécutions avait atteint son plus haut niveau en près d’une décennie en 2023. En Iran, l’année dernière, au moins 853 personnes ont été mises à mort mais, des milliers de personnes auraient été exécutées en Chine, restant ainsi le pays ayant procédé au plus grand nombre d’exécutions au monde.