Ancienne institutrice, première femme noire élue au Congrès et candidate à l'investiture du parti démocrate au scrutin présidentiel de 1972, retour sur le parcours de Shirley Chisholm, pionnière pour les femmes en politique.
Un héritage revendiqué par Kamala Harris. Alors que la vice-présidente est susceptible de devenir la première femme à diriger les Etats-Unis, avant elle, une autre pionnière dont peu se souviennent peut faire figure d’exemple : Shirley Chisholm.
Elle s’était présentée à l'investiture des démocrates à l’élection présidentielle américaine en 1972. Décédée en 2005, cette dernière pouvait se vanter d’une carrière à rallonge. Elle marque d’abord l’histoire en 1968 lorsqu’elle est devenue la première femme Noire élue au Congrès. «C'est un grand honneur d'avoir été choisie comme première femme noire à siéger à la Chambre des représentants des États-Unis à Washington», avait-elle déclaré au moment de son élection.
«J'ai l'intention de représenter l'ensemble du peuple, Blancs, Noirs, les hommes comme les femmes, et plus particulièrement les jeunes. Il y a de nouvelles idées qui germent, je parlerai pour elles et ma voix sera entendue !», avait-elle ajouté.
Alors que son concurrent, James Farmer la décrit comme «la petite maitresse d'école», Shirley Chisholm affronte une nouvelle fois le sexisme dans le cadre de sa course à la Maison Blanche. Un combat qui commence dès le financement de sa campagne. Elle vaincra jusqu’aux primaires, mais ne représentera pas son parti au scrutin. C’est finalement George McGovern qui affronte Richard Nixon, Républicain réélu à la tête du pays.
Des aptitudes précoces pour la politique
Née à Brooklyn en 1924, Shirley Chisholm était l'aînée de quatre filles d’un père ouvrier guyanais et d’une mère couturière originaire de la Barbade. En 1942, elle fréquentait la prestigieuse Brooklyn Girls' High où elle a remporté des prix au sein du club de débat.
Ses professeurs l'encouragent très vite à se tourner vers la politique, mais la jeune Shirley s'est confrontée à un «double handicap» en tant que femme et Noire.
Elle a travaillé alors comme institutrice dans une école maternelle, mais s’est engagée rapidement pour combattre les inégalités raciales et sexuelles. Elle a rejoint alors les branches locales de la League of Women Voters, de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), de l'Urban League, ainsi que le club du parti démocrate de Bedford-Stuyvesant, à Brooklyn.
Ouvrir la voie
Lorsqu’elle a annoncé sa candidature en janvier 1972, dans une église de Brooklyn à New York, Shirley Chisholm a prononcé un discours : «Ma présence devant vous symbolise une nouvelle ère dans l’histoire de la politique en Amérique. Je suis convaincue que le peuple américain est prêt à se débarrasser des personnalités politiques du passé, tous ceux qui partagent cette vision de New York à la Californie, du Wisconsin à la Floride se dirigent comme des frères et sœurs vers l’union nationale et vers une Amérique nouvelle !».
Des mots qui rappellent sans conteste ceux du slogan de Kamala Harris : «We are not going back» (Nous ne reviendrons pas en arrière, Ndlr). Lorsque la vice-présidente est encore sénatrice, cette dernière a milité pour la construction d’une statue de Shirley Chisholm au Capitole à Washington. Comme l’a souligné France inter, lorsqu’elle a fait campagne dans le cadre de la présidentielle en 2019, Kamala Harris n’a pas hésité à reprendre les codes visuels de ceux de sa prédécesseure.
Elue en 2020 en tant que première femme Noire Vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris a rendu hommage sur X au «génie» et à «l’audace» de Shirley Chisholm. «Elle nous a ouvert la voie», poursuit elle.