Le gouvernement sud-coréen a annoncé ce jeudi plusieurs initiatives afin de combattre l'«épidémie de solitude». Ce phénomène, appelé «Godoska», est par ailleurs bien connu au Japon, mais touche également les pays occidentaux.
Une «épidémie de solitude». Chaque année en Corée du Sud, des milliers de personnes âgées décèdent dans l’isolement, seules et éloignées de leur famille et de leurs amis. Ce phénomène porte le nom de «Godoksa» (qui se traduit par «mort solitaire»).
En effet, le pays asiatique est l’un de ceux qui s’est industrialisé le plus rapidement. La structure de la «famille traditionnelle» - soit plusieurs générations d’une même famille vivant sous le même toit – n'est plus dominant. Les nouvelles générations étudient et travaillent maintenant en ville, loin des parents.
Le départ à la retraite est également un facteur important dans cette épidémie de solitude, qui entraîne plusieurs troubles comme l’anxiété ou encore, la dépression.
une natalité en baisse
En 2021, le ministère de la Santé sud-coréen avait recensé plus de 3.300 décès de personnes isolées, une tendance qui serait en constante augmentation et s’inscrit dans un problème encore plus vaste d’isolement et de solitude, au point où le gouvernement a décidé de s’activer afin d’y remédier.
La population du sud de la péninsule vieillit rapidement : l’année dernière, l’âge médian des Sud-Coréens était à presque 45 ans, et devrait passer à 63 ans d’ici à 2072. La Corée du Sud présente aussi l’un des taux de natalité les plus bas au monde.
un service de recherche pour les personnes isolées
Dans la capitale de Séoul, les autorités ont annoncé qu’elles mettraient à disposition plus de 450 milliards de won, soit plus de 300 millions d’euros sur cinq années, afin de créer «une ville où personne ne se sent seul».
Plusieurs initiatives devraient ainsi être mises en place pour pallier ce réel problème de société, comme une ligne d’assistance téléphonique ouverte à tout moment, une plateforme pour offrir un soutien similaire et d’autres mesures de suivi, qui devraient comprendre des visites et des consultations en personne.
La ville prévoit également d’introduire plusieurs services psychologiques, des espaces verts dédiés et un «service de cherche» afin d’identifier les habitants isolés.
«Lorsque vous vous sentez seul ou isolé, ou lorsque vous souhaitez vous insérer dans la société après une longue période d’isolement... Frappez à la porte de la ville de Séoul», a ainsi invité le maire de la ville, Oh Se-hoon, dans un communiqué de presse publié ce jeudi 24 octobre.
«La solitude et l’isolement ne sont pas seulement des problèmes individuels, mais des tâches que la société doit résoudre ensemble», a-t-il ajouté.
des «morts solitaires» en occident
Ce problème n’est pas seulement visible en Corée du Sud. En effet, au Japon, le phénomène est connu sous le terme de «hikkomori». Selon l’Agence nationale de police nippone, environ 68.000 personnes âgées de 65 ans et plus meurent chaque année, seules et surtout, sans personne pour constater ou remarquer leur disparition.
«La probabilité de mourir seul va certainement augmenter dans la société à partir de maintenant», avait déclaré le ministre de la Santé au Japon, Keizo Takemi. «Il est important que nous abordions ce problème de front»
Mais l’épidémie touche aussi l’Occident. En juillet, le quotidien The Independent alertait sur la mort de près de 9.000 personnes en Angleterre, trouvées une semaine après leur décès. Selon Age UK, environ 4,2 millions de personnes de plus de 65 ans au Royaume-Uni vivent seules.
D'après une étude menée par les Petits Frères des Pauvres en 2017, 300.000 personnes de plus de 60 ans sont en situation d’isolement et ne rencontrent quasiment jamais ou très rarement d’autres personnes en France.