Le gouvernement japonais a officiellement présenté ses excuses, ce mercredi 17 juillet, aux victimes de stérilisations forcées. Le Premier ministre Fumio Kishida s'est incliné face à une centaine de plaignants, promettant une indemnisation après la décision de la Cour suprême du pays.
C'est une nouvelle victoire pour les victimes de la loi eugéniste, maintenant caduque, ayant conduit à une vague de stérilisation forcée au Japon. Ce mercredi 17 juillet, le Premier ministre Fumio Kashida a présenté des excuses officielles aux milliers de personnes touchées par ce texte, instauré entre 1948 et 1996.
«La responsabilité du gouvernement dans l'application de cette loi eugéniste est extrêmement lourde», a déclaré Fumio Kishida face à une centaine de victimes, pendant une rencontre dans son bureau à Tokyo. «J'exprime mes excuses les plus sincères au nom du gouvernement», a-t-il ajouté, en s'inclinant devant le groupe.
Ces premières excuses s'inscrivent dans la continuité de la décision de la Cour suprême japonaise, plus tôt ce mois-ci. En effet, mercredi 3 juillet, la loi a été jugée inconstitutionnelle. De plus, il a aussi été décidé que le délai de prescription de 20 ans pour les demandes d'indemnisation des victimes ne pouvait être appliqué dans cette affaire.
plus de 25.000 victimes
Le Premier ministre japonais s'est également engagé à conclure l'enquête dans les plus brefs délais, avec une compensation financière. «Je ferai tout en mon pouvoir pour régler le problème le plus rapidement possible», a-t-il affirmé. Les victimes devraient ainsi recevoir une indemnisation en plus d'un paiement de 3,2 millions de yens, soit plus de 18.500 euros.
Le texte, soumis par le parlementaire et japonais Yasaburô Taniguchi après la Seconde Guerre mondiale, cherchait notamment à «éviter la naissance d'enfants défectueux d'un point de vue eugénique et de protéger la vie et la santé de la mère» pour l'«intérêt public», préconisant alors la stérilisation et les avortements pour les personnes atteintes d’un handicap ou d’une maladie héréditaire.
Abrogée en 1996, plus de 25.000 personnes auraient été touchées par cette loi. D'après les chiffres, 65% des personnes n'étaient pas consentantes ou étaient simplement forcées de subir ces opérations de stérilisation ou d'avortement.
des excuses longtemps attendues
La stérilisation contrainte est considérée comme un crime contre l'humanité, selon le Statut de Rome. En 2019, la justice japonaise avait refusé d'indemniser les victimes et la responsabilité du gouvernement nippon n'était pas mentionnée.
Depuis les années 1950, il est demandé au Japon, par ses citoyens et plusieurs gouvernements étrangers, de présenter différentes excuses. Ces dernières concernent notamment d'autres crimes contre l'humanité, commis par le pays du Soleil Levant contre ses voisins sud-coréen et chinois.
À la fin de l'année 2023, le Japon avait été condamné en Corée du Sud à indemniser les victimes d'esclavages sexuels, orchestrés par l'armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. En avril 2024, des familles chinoises victimes du même crime avaient également attaqué en justice l'État japonais.