L'ancien président Jacob Zuma ne pourra pas se présenter aux élections générales sud-africaines pour problèmes judiciaires. Un nouveau coup dur pour le parti de l’ANC qui peine dans les sondages. Pourquoi le parti historique de Nelson Mandela ne convainc plus dans la nation arc-en-ciel ?
Un futur séisme politique en Afrique du Sud ? Alors que le Conseil Constitutionnel a acté l’impossibilité pour Jacob Zuma, ancien président et membre du Congrès national africain (ANC) de se présenter aux élections générales du 29 mai, le parti de l’ANC stagne dans les sondages et pourrait connaître une défaite historique, qui lui coûterait une coalition.
Au pouvoir depuis 1994, l'ancien parti de Nelson Mandela est touché de plein fouet par le vent de «dégagisme» qui règne dans le pays. L'Afrique du sud souffre d’une situation économique délétère (un tiers du pays est au chômage), un chiffre bien supérieur au quart qui subsistait 15 ans plus tôt. La jeune génération, qui n’a pas connu l’appartheid est même touchée à hauteur de 40%. Le contexte sociétal n’est guère plus flamboyant avec une hausse du ressentiment à l’égard des étrangers. En avril dernier, le gouvernement a lancé une mesure pour augmenter le nombre d'expulsions d'étrangers dans le pays. Le président Cyril Ramaphosa avait pointé du doigt le rôle de l’immigration dans les «nombreux problèmes sociaux et économiques», note Géo.
La corruption dans le viseur
C’est finalement les nombreuses corruptions qui semblent aujourd'hui le plus jouer en défaveur du parti au pouvoir. La présidence de Jacob Zuma, entre 2009 et 2018 laisse un goût amer dans la bouche des électeurs qui ne ferment plus les yeux sur les nombreuses affaires de détournement de fonds publics.
La sanction de 15 mois de prison pour Jacob Zuma pour outrage à magistrat en 2021 n’a pas aidé à redorer le blason du parti, en témoigne les mots de Samkela Mzenze, jeune femme de 32 ans, engagée contre l’ANC et interrogée par Le Monde. «Nous, la jeunesse, devrions nous inspirer de cet événement pour aller voter, pour nos droits et pour un meilleur gouvernement. L’ANC a joué son rôle, mais le temps est venu pour de nouvelles personnes», déclame-t-elle. Dans un pays où le taux d’homicide reste un des plus elevés du monde (un meurtre toutes les 18 minutes), les élections du 29 mai prochain s’annoncent comme un tournant historique.