Quelques heures après l’attaque survenue dans un centre commercial à Sydney ce samedi 13 avril, un étudiant de 20 ans a été accusé à tort d’être l’auteur des faits par de nombreux internautes et une chaîne d’information australienne.
Des milliers de messages, c’est ce qu’a reçu Benjamin Cohen, un étudiant juif âgé de 20 ans, après avoir été faussement accusé d’être l’assaillant de l’attaque au couteau qui s’est déroulée à Sydney samedi, et qui a fait six morts et plusieurs blessés.
70.000, c’est le nombre de tweets mentionnant le nom de Benjamin Cohen, que de nombreux internautes ont pris pour l’auteur des faits. Certains d’entre eux sont allés jusqu’à retrouver son compte LinkedIn afin de comparer ses photos à celles du véritable assaillant, tirées des images de vidéosurveillance du centre commercial.
L’étudiant en première année d'informatique d’une université de Sydney s’est alors retrouvé au cœur de plusieurs fausses allégations. Certains comptes populaires, suivis par près de 1,7 million de followers, l’ont notamment assimilé à la piste d’une attaque terroriste.
De fausses accusations citées à la télévision
Le calvaire de Benjamin Cohen ne s’est pas limité à internet. Son nom a également été cité à l’antenne d’une chaîne de télévision australienne, 7 News, ainsi que sur leurs réseaux sociaux. Certains internautes ont alors interprété cela comme une confirmation de l’information.
Lorsque la véritable identité de l’assaillant a été dévoilée, à savoir celle de Joel Cauchi, 7 news a rapidement constaté son erreur et présenté ses excuses via un porte-parole. La chaîne a néanmoins évoqué une «erreur humaine».
«Une tentative visant à attiser la peur et la haine»
Contacté par News.com.au. et The Guardian, Benjamin Cohen a réagi : «Il est extrêmement décevant de voir des milliers de personnes propager inconsidérément des informations erronées sans même la moindre réflexion sur la vérification des faits ou sur les conséquences réelles».
Pour lui, ces fausses accusations portées par «des détectives d’internet» sont «très dangereuses». Il a également souligné que ces dernières pourraient «détruire la vie des gens».
«Je pense qu'ils ont simplement opté pour le premier visage qui ressemblait à celui de l’assaillant et qui correspondait à leurs propres motivations ou à ce qu'ils voulaient que l'histoire soit», a déclaré son père, Mark Cohen.
Ce dernier a également fait part de l’inquiétude de leurs proches, qui ont été nombreux à appeler pour comprendre la situation : «Tout le monde se demande ce qui se passe, les gens se demandent si c'est vrai. Bien sûr que ce n’est pas vrai, ce n’est même pas une personne politiquement motivée. C'est juste un enfant normal qui doit maintenant faire face à cela».
Max Kaiser, directeur général du Conseil juif d’Australie, a lui aussi réagi. Selon lui, les fausses allégations portées à l’égard de Benjamin Cohen ont été diffusées pour susciter l’antisémitisme : «Nous condamnons sans équivoque toute tentative visant à attiser la peur, la haine ou la discrimination contre les migrants, les musulmans ou les juifs à la suite de cet horrible événement».