Selon une vaste enquête journalistique, Valeri Zaloujny, ex-commandant en chef des forces armées ukrainiennes récemment nommé ambassadeur au Royaume-Uni, serait le commanditaire du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 commis il y a un plus de deux ans.
Le commanditaire de l'attaque enfin identifié ? Si la Russie est apparue longtemps comme le suspect le plus probable du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 - permettant d’acheminer du gaz russe vers l’Allemagne - le 26 septembre 2022, les soupçons sont plus que jamais orientés vers l’Ukraine.
A l’époque, les enquêteurs ont commencé par s’intéresser à un voilier : «L’Andromeda», ancré dans le port allemand de Rostock avec six passagers à son bord, et dont le parcours autour du lieu des quatre explosions semblait suspect.
Ce bateau avait été loué par une société dirigée par un homme d’affaires ukrainien, Rustem Abibulayev.
Une opération militaire ukrainienne ?
Autre élément troublant, de faux passeports avaient été retrouvés sur place, visiblement fournis par Kyrylo Boudanov, le patron des services secrets ukrainiens à l’époque, a relaté auprès de franceinfo la journaliste d’Intelligence Online, Morgane Fert-Malka.
Cette piste avait mené, à l’automne 2023, le Washington Post et le journal allemand Der Spiegel à désigner comme principal suspect, Roman Tchervinski, un officier commando des services extérieurs ukrainiens. Considéré initialement comme le cerveau des attaques, il est aujourd’hui en prison pour une précédente affaire peu concluante, s’écartant ainsi de la piste des suspects.
Vient alors le nom de Valeri Zaloujny, ex-chef d’état-major ukrainien des armées, limogé le 8 février dernier et qui vient d’être nommé ambassadeur à Londres. Homme clé du régime du président Volodymyr Zelensky, Valeri Zaloujny était à la tête des forces spéciales au moment des explosions.
Si tous les deux ont toujours nié toute implication ukrainienne dans cette affaire, «les spécialistes du renseignement à qui j'ai parlé sont d'accord», a expliqué Shane Harris du Washington Post.
«Selon eux, ce n'est pas le président Zelensky qui a autorisé ou ordonné cette opération. Mais ça ne veut pas dire qu'elle n'a pas été conduite par des militaires. C’est une opération menée sans instruction explicite du président, ce qui lui permet de nier qu'il a joué un rôle là-dedans», a-t-elle estimé.