Les eurodéputés ont voté mardi 12 mars en faveur d’une circulation facilité des «méga-camions» au sein de l’Union européenne. Des poids lourds hors norme dont l’impact en matière d’environnement et de sécurité laisse encore flotter quelques inquiétudes.
Les monstres des poids lourds pourraient bientôt circuler sur de nombreux territoires de l’Union européenne. Les méga-camions, ces immenses fourgons à rallonge, portant un conteneur auquel s’ajoute une remorque, seront bientôt autorisés sur les routes européennes, selon le vote des eurodéputés mardi 12 mars.
Ces derniers ont prévu un texte visant à autoriser automatiquement la circulation de ces géants mesurant 25 mètres et pouvant peser jusqu’à 60 tonnes, dans les États voisins consentants, qui les acceptent déjà sur leur territoire. Cette législation va donc permettre des négociations entre les États membres.
Aussi appelés «gigaliners», Système Modulaire Européen (EMS) ou encore Exo-combi, les méga-camions permettraient de diminuer de 25% la consommation de fuel et les émissions de CO2 par t ou m3/km, grâce à leur utilisation, s’ils circulent à pleine capacité, selon l’Institut technologique FCBA.
Quels avantages et quels inconvénients ?
En France, une première expérimentation devait voir le jour en 2010, mais a finalement été annulée en raison d’une analyse sur les enjeux environnementaux de la circulation de méga-camions. Celle-ci a donc été jugée impertinente, l’Observatoire Energie Environnement des Transports ayant estimé qu’une autorisation aurait été un «contre-signal» aux engagements du Grenelle de l’environnement.
Une enquête avait ensuite été demandée, afin d’estimer les impacts sur de nombreux autres domaines. Toutefois, pour le secteur routier, ces monstres des routes ont toujours représenté un véritable intérêt.
En termes d’avantages, les méga-camions impliquent une économie de coût de transport, une réduction de l’impact environnemental, ainsi qu’une réduction du nombre de camions sur les routes. À l’inverse, l’énergie cinétique importante ainsi que leurs impacts négatifs sur les infrastructures routières au vu de leur poids peuvent poser problème. D’autre part, leur circonférence particulièrement importante n’aiderait pas la fluidité de la circulation avec les autres usagers, sans parler de la concurrence que cela engendrerait avec le fret ferroviaire (le prix du transport des marchandises).
Pourquoi la France s’oppose-t-elle toujours ?
En réponse aux problématiques soulevées, le texte des eurodéputés prévoit que des études d’impact soient menées sur la sécurité routière, ainsi que sur les infrastructures et l’environnement. Mais en France, les opposants campent sur leurs positions en soutenant que ces véhicules seraient dangereux et non adaptés aux infrastructures du pays. En effet, les pays nordiques qui ont accepté cette proposition, disposent de grandes lignes droites et de beaucoup moins de ronds-points.
D’autre part, les distances de freinage de ces poids lourds étant bien plus longue que les camions traditionnels, ils useraient beaucoup plus vite et nettement plus facilement les routes, loin d’être adaptées à ces mastodontes sur roues.
Aujourd’hui, les méga-camions peuvent librement circuler en Finlande, en Suède, dans les Pays-Bas et même en Allemagne. Le Conseil européen adoptera sa position en juin et reviendra à la prochaine assemblée parlementaire du même mois, afin d’entamer des négociations pour finaliser ce texte.