Un Américain de 96 ans a retrouvé une peinture qui lui avait été volée en 1969. L'œuvre d'art, datant de la fin du XVIIIe siècle, a été découverte par un agent du FBI en fin de carrière.
C'est une histoire rocambolesque sur plusieurs décennies et dont les médias américains se font l'écho aujourd'hui. L'année dernière, Francis Wood, un médecin à la retraite âgé de 96 ans, a reçu un appel d'un agent du FBI, lui indiquant qu'une œuvre d'art que sa famille détenait a été retrouvée.
Elle avait été volée par trois mafieux du New Jersey en 1969, il y a cinquante-cinq ans. Francis Wood a récupéré son bien le 11 janvier dernier, comme l'a indiqué le Bureau fédéral d'investigation sur ses réseaux sociaux.
NEW: An 18th century British painting believed to have been stolen by mobsters in 1969 is recovered in #Utah and returned to its rightful owner. Learn more about this #FBI investigation that reads like a chapter in a history book: https://t.co/FIExRAjhZ7 pic.twitter.com/S0Jz3xLI0c
— FBI Salt Lake City (@FBISaltLakeCity) January 26, 2024
Lorsque le médecin a décroché, il pensait à une «arnaque». À l'autre bout du fil, l'interlocuteur, l'agent Gary France, souhaitait lui annoncer une nouvelle «tout à fait improbable et étonnante à tous points de vue». Car cette peinture, qui date de l'époque du roi George III, a vécu de longues péripéties avant de revenir dans les bras de son propriétaire.
Un voyage de Londres au New jersey
Pour comprendre cette histoire, il faut remonter au XVIIIe siècle, lorsque le peintre britannique John Opie exerce son art du clair-obscur dans son atelier. En 1784, l'artiste réalise «The Schoolmistress» («La maîtresse d'école» en français, ndlr). Alors au début de sa carrière, il est repéré par les nobles britanniques, dont le roi George III. La toile est achetée quatre ans plus tard par le Comte de Stamford, George Harry Grey, avant que la toile ne revienne à ses descendants.
Le récit se poursuit en 1930, lorsque la famille de Francis Wood a voyagé à Londres pendant la Grande dépression. Les parents ont acheté la toile pour 450 livres de l'époque (environ 7.500 dollars) avant de la ramener dans la maison familiale du New Jersey, où elle était accrochée à côté de la table à manger.
Près de quarante ans plus tard, la famille a subi une tentative de cambriolage ratée, avant que les voleurs ne réussissent à la dérober deux semaines plus tard. Ils ont été aidés dans leur méfait par Anthony Imperiale, un conseiller municipal qui avait négocié avec la mafia pour se positionner en tant que sénateur de l'État. Si les criminels ont été arrêtés et certains jugés, tous sont morts aujourd'hui et la peinture est restée dans les limbes d'organisations mafieuses.
Une découverte inattendue
L'affaire a connu un dernier rebondissement en 2021, lorsque l'agent Gary France reçoit la visite d'un avocat, qui venait de clôturer le patrimoine de James R. Gullo, un habitant de l'Utah. Après enquête, l'inspecteur découvre que cet homme a racheté la maison d'un lieutenant de police en Floride qui avait eu des liens avec la mafia, avant de rapatrier la toile chez lui, dans l'ouest des États-Unis. Selon l'agent, la toile aurait été transmise de mains en mains comme «une patate chaude».
«J'ai eu l'opportunité de travailler dans tout le pays, et je n'ai jamais eu d'affaire comme celle-ci», a témoigne l'agent fédéral, qui est tout proche de la retraite. «C'est une superbe manière de marquer la fin de ma carrière, elle est dans le top 5 de toutes les affaires et je m'en souviendrai lorsque j'arrêterai», a-t-il ajouté Au Washington Post.
Désormais, «The Schoolmistress» est bien revenu dans la famille Wood et l'oeuvre est fièrement accrochée dans la maison de retraite de Francis, le grand-père. Malgré les remous de l'histoire, la peinture est restée la même, mais sa valeur sentimentale est devenue inestimable.