Les agriculteurs français tapent du poing sur la table depuis quelques semaines. Barrages, manifestations et divers blocages ont lieu depuis plusieurs semaines. La France n’est pas le seul pays à voir la colère de ses agriculteurs enfler de jour en jour.
Si les motivations peuvent diverger d’un pays à l’autre, le constat est le même partout : les agriculteurs européens sont en colère. En plus de la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie ou encore la Pologne en passant par les Pays-Bas et la Roumanie sont concernés par cette révolte agricole.
Allemagne
Depuis le mois de décembre, les agriculteurs allemands protestent massivement contre le projet du gouvernement Scholz d’augmenter les taxes sur le diesel agricole. Au début du mois, ils ont lancé une semaine de manifestations composées de convois de tracteurs bloquant les routes de tout le pays.
Face à cette colère montante, la coalition gouvernementale a accepté d’échelonner la suppression de l’exonération jusqu’à en 2026 et surtout, elle promet moins de bureaucratie.
Pays-Bas
La gronde des agriculteurs néerlandais remonte à juin 2022, après l’annonce du gouvernement de vouloir faire baisser les émissions d’azote en réduisant le cheptel global. Depuis, plusieurs mouvements d’agriculteurs se forment régulièrement, bloquant routes et autoroutes au volant de leurs tracteurs.
La fronde a pris pour symbole le drapeau néerlandais disposé à l’envers (à l’instar des panneaux de communes retournés en France). En mars 2023, le jeune parti rassemblant les agriculteurs, le «Mouvement agriculteur-citoyen», est entré au Sénat à la suite de cette révolte globale contre l’exécutif.
Pologne
Les agriculteurs polonais ont annoncé ce mercredi le blocage de 160 routes à travers le pays. Ils souhaitent ainsi dénoncer les importations «incontrôlées» de produits agricoles ukrainiens et demandent une révision de la Politique agricole commune.
En effet, peu après l’offensive russe en Ukraine en février 2022, l’Union européenne avait suspendu les droits de douane sur tous les produits importés d’Ukraine et créé des «corrideors de solidarité» afin de permettre à l’Ukraine d’exporter ses stocks de céréales.
«Nous sommes opposés aux importations incontrôlées de produits agroalimentaires d’Ukraine et demandons une révision de la Politique agricole commune» avait expliqué Adrian Wawrzyniak, porte-parole du syndicat Solidarité des Agriculteurs individuels, à l’origine du mouvement de protestation.
Roumanie
En Roumaine, même combat. Les agriculteurs manifestent depuis des mois pour protester contre la «concurrence déloyale» de l’Ukraine. Par ailleurs, d’autres protestations ont eu lieu le 14 janvier dernier contre les taxes mises en place par le gouvernement, jugées trop élevées.
La Commission européenne devrait prochainement dévoiler ses intention de reconduire l’exception douanière sur les produits ukrainiens, qui devait initialement expirer en juin.
Italie et Espagne
Ce mouvement de colère globale s’apprête à toucher des pays situés au sud de l’Europe. Christiane Lambert, présidente du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (Copa) et ancienne présidente de la Fédération national des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), a affirmé que «les syndicats agricoles italien et espagnol parlent aussi de manifestations».
Une réunion avec toutes les organisations agricoles, le secteur agroalimentaire les ONG et les experts devrait se tenir jeudi à Bruxelles, afin d’essayer de calmer le jeu.