Trois mois après l’attaque terroriste du 7 octobre, la plus meurtrière de l’histoire d’Israël avec plus de 1.200 victimes et 250 otages, dont une partie a été libérée, le pays reste en état de choc, traumatisé par la brutalité et la violence des événements. Israël prépare désormais l'après-guerre avec une extrême prudence.
Vingt jours après l’attaque terroriste du 7 octobre, des colonnes de chars israéliens entraient à l’intérieur de la bande de Gaza. C'était le départ de l’offensive terrestre de Tsahal, et de la deuxième phase de la guerre contre les terroristes du Hamas, promise par le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Une guerre «nécessaire», selon Israël, qui a juré de rayer le Hamas de la carte, mais qui réflechit déjà à l'après-guerre, malgré de lourdes traces encore très présentes sur son peuple toujours en deuil.
Le ministre israélien de la Défense a ainsi dévoilé jeudi dernier le projet israélien pour l’après-guerre à Gaza. Il laisse notamment planer le doute sur la nature des «entités palestiniennes» à qui il prévoit de confier la gouvernance de l’enclave. Une réflexion qui montre une certaine avancée dans la guerre, notamment après l’annonce faite par Tsahal du démantèlement militaire complet du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, avec environ 8.000 terroristes éliminés, et des dizaines de milliers d’armes saisies.
Mais cette réflexion montre aussi la prudence du gouvernement, qui avance à petits pas face au traumatisme encore extrêmement présent au sein du peuple, marqué par les attaques les plus meurtrières de l’histoire du pays, mais aussi les plus brutales, avec une violence inouïe racontée par ceux qui ont vécu de près la percée des terroristes du Hamas en territoire israélien. Un traumatisme qui nécessite donc de bien penser l’après-guerre, avec une extrême prudence, pour éviter que de tels événements ne puissent se reproduire.
les israéliens attentifs à la future gestion de gaza
Dans ce contexte, le plan dévoilé jeudi envisage donc de confier la gestion de Gaza à «des entités palestiniennes à la condition qu’il n’y ait aucune action hostile ou menace contre l’État d’Israël», a déclaré le ministre Yoav Gallant, qui n’a donné aucune indication sur la nature de ces «entités». Seront-elles issues de l’Autorité palestinienne, au pouvoir en Cisjordanie ? Ou encore de «clans» palestiniens, auxquels les services secrets israéliens envisageraient de confier la distribution de l’aide humanitaire à Gaza, comme l’ont révélé des médias israéliens cette semaine ? Le gouvernement laisse planer le doute.
Si cette ambiguïté reflète les fortes division au sein du camp israélien, elle reflète également la puissance du traumatisme vécu par les Israéliens, qui se montrent très attentifs aux décisions prises par leur gouvernement. Certains préconisent ouvertement une réinstallation des colonies israéliennes, quand d’autres, plus modérés, valident plutôt la mise en place d’une administration palestinienne, éventuellement issue d’une Autorité palestinienne revitalisée, comme le souhaitent les États-Unis. En laissant cette question en suspens, Benjamin Netanyahou évite de se mettre l’un de ces camps à dos.
Une force multinationale chargée de la reconstruction
Autre point qui devra encore être précisé : la sollicitation d’une «force multinationale», chargée de la reconstruction de l’enclave palestinienne. Le ministre israélien de la Défense a indiqué que cette dernière serait composée de pays «occidentaux et arabes». L’après-guerre à Gaza devrait ainsi continuer à faire l’objet d’intenses discussions, tant au sein du gouvernement israélien (qui n’a pas encore adopté le plan) qu’entre les principaux pays concernés, et demeure l'un des sujets au coeur des préoccupations des Israéliens, toujours inquiets pour leur sécurité.
Malgré cela, Benjamin Netanyahou promettait le 24 décembre dernier, une guerre longue, qui est encore loin d’être terminée et qui se poursuivra tout au long de 2024.