La mort du numéro 2 du Hamas et les explosions au Liban laissent craindre une expansion de la guerre entre Israël et le Hamas, et met fin à toute négociation d’un cessez-le-feu.
Les craintes d’un embrasement du conflit prennent désormais le pas sur les négociations pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Après des explosions mortelles en Iran et l’élimination du numéro deux du Hamas au Liban, la possibilité que le conflit israélo-palestinien se propage est de plus en plus d’actualité.
L'inquiétude à ce sujet s'accroît. «Un dérapage incontrôlé pourrait entraîner des conséquences incalculables. Actuellement, le conflit est plus ou moins contenu sur Gaza avec des efforts déployés pour qu'il ne dégénère pas en une conflagration régionale. Mais le risque existe», confie à CNEWS David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques, dont le dernier numéro porte sur le Liban, et intitulé «Liban : polycrise et menaces existentielles».
abandon d'un cessez-le-feu
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est embarqué jeudi, pour la quatrième fois, au Moyen-Orient dans l’espoir de calmer la situation. Aucun pays n'a «intérêt à une escalade», a déclaré Matthew Miller, son porte-parole. Mais l’armée israélienne ne semble pas vouloir relâcher la pression sur la bande de Gaza et les alliés du Hamas.
«L’idée que nous pourrions nous arrêter bientôt est erronée. Sans une victoire claire, nous ne pourrons pas vivre au Proche-Orient», a souligné le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant.
montée en grades des frappes
Suite à la double-explosion qui a fait 84 morts en Iran mercredi, les tensions se sont accentuées. L'Iran a affirmé qu'Israël et les Etats-Unis étaient derrière cet attentat, des allégations aussitôt réfutées par Washington et non commentées par Israël.
S’ajoute à cela, la mort du numéro 2 du Hamas, Saleh al-Arouri, qui a été inhumé jeudi dans le camp palestinien de Chatila, à Beyrouth. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a mis en garde Israël contre une nouvelle escalade.
«Pour le moment, nous combattons sur le front de façon calculée (...) mais si l'ennemi pense lancer une guerre contre le Liban, nous combattrons sans limites, sans restriction et sans frontières (...), nous ne craignons pas la guerre», a-t-il déclaré lors d'une allocution télévisée mercredi soir.
Des frappes de plus en plus importantes, selon David Rigoulet-Roze, soulignant une montée en grade des frappes respectives, mais sans un engagement massif. «Le conflit est déjà peu ou prou élargi, mais il demeure encore contenu», a-t-il précisé. «Les réponses sont encore relativement proportionnées et maîtrisées». Les leaders du Hezbollah ont tout intérêt à faire preuve de patience et à ne pas céder à la tentation de représailles directes qui pourraient porter le conflit dans une nouvelle dimension.
un conflit qui se diffuse
Israël affirme être «dans un état de préparation très élevé dans toutes les arènes, en défense et en attaque», comme l’a indiqué mardi soir le porte-parole des forces israéliennes Daniel Hagari.
Depuis le début du conflit, suite à l'attaque du Hamas du 7 octobre dernier, les tensions se multiplient aussi en Syrie et en Irak, où des bases américaines sont prises pour cible, mais également en mer Rouge, où les rebelles Houthis du Yémen mènent des attaques pour freiner le trafic maritime en «soutien» à Gaza.