Le président vénézuélien Nicolas Maduro a lancé jeudi 28 décembre, en pleine crise sur l'Essequibo, des exercices militaires avec quelque 5.600 soldats à la frontière du Guyana.
Les tensions montent. «En réponse à la provocation» du Royaume-Uni qui a envoyé un navire de guerre dans la région, le président du Venezuela Nicolas Maduro a annoncé jeudi 28 décembre le déploiement de 5.600 soldats à la frontière du Guyana, pour des exercices militaires.
Il s'agit d'une «action conjointe de nature défensive, en réponse à la provocation et à la menace du Royaume-Uni contre la paix et la souveraineté de notre pays», a déclaré Nicolas Maduro lors d'une émission radiotélévisée, au cours de laquelle il a montré des images de navires de guerre et d'avions de combat en patrouille. Cette première phase d'exercices militaires réunit 5.682 militaires et des avions de chasse F-16 (américains) et Soukhoï (russes), a-t-il précisé.
Le vice-président guyanien, Bharrat Jagdeo, a réagi peu après lors d'une conférence de presse, se défendant de toute volonté belliciste. «Nous n'avons aucun plan pour prendre des mesures offensives contre le Venezuela (...) Nous n'avons pas l'intention d'envahir le Venezuela. Le président Maduro le sait et ne doit pas s'inquiéter», a-t-il déclaré, précisant que l'arrivée du patrouilleur britannique entrait dans le cadre «d'exercices de routine planifiés depuis longtemps».
Des gisements de pétrole en ligne de mire ?
La tension entre Caracas et Georgetown est montée d'un cran après le lancement en septembre d'appels d'offres pétroliers par le Guyana, puis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l'Essequibo, territoire de 160.000 km2 riche en pétrole et ressources naturelles, administré par Georgetown et revendiqué par le Venezuela.
Quelque 125.000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans l'Essequibo, qui couvre les deux tiers de la superficie du pays. Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Le Guyana argue que la frontière, datant de l'époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une cour d'arbitrage à Paris.
Les présidents guyanien Irfaan Ali et vénézuélien Nicolas Maduro se sont rencontrés le 14 décembre lors d'un sommet qui a contribué à faire baisser la tension, avec engagement à ne pas utiliser la force, mais qui n'a pas résolu le différend, les deux pays campant sur leurs positions. «Nous croyons à la diplomatie, au dialogue, à la paix. Mais personne ne doit menacer le Venezuela, personne ne doit s'en prendre au Venezuela», a ajouté jeudi Nicolas Maduro.
«La menace de l'ex-empire décadent et pourri du Royaume-Uni est inacceptable»
«La menace de l'ex-empire décadent et pourri du Royaume-Uni est inacceptable. Nous ne l'acceptons pas», a-t-il ajouté, rappelant que le Royaume-Uni était l'ancienne puissance coloniale du Guyana. En soirée, le président Irfaan Ali avait réagi sur Facebook, soulignant que «ni le Venezuela ni aucun autre Etat n'a quelque chose à craindre d'activités menées sur le territoire ou dans les eaux souveraines du Guyana».
«Nous nous engageons pleinement à entretenir des relations pacifiques avec nos voisins et tous les pays de notre région. Le Guyana est depuis longtemps engagé dans des partenariats avec des Etats visant à renforcer la sécurité intérieure», a-t-il dit en allusion au bateau de guerre britannique. «Ces partenariats ne constituent une menace pour personne et n'ont en aucun cas pour but d'être agressifs (...) à l'encontre d'un Etat. Je souhaite renouveler mes meilleurs vœux au peuple vénézuélien, nos voisins».
Le Guyana n'a toutefois pas prévu d'annuler ses exercices navals, avait indiqué plus tôt le vice-président Jagdeo.