Le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping se sont retrouvés à San Francisco mercredi, en marge d’un sommet économique des pays d’Asie. Une rencontre placée sous le signe de la réconciliation entre les deux pays, en froid depuis un an.
Malgré les tensions évidentes entre les États-Unis et la Chine, Joe Biden et Xi Jinping ont fait bonne figure ce mercredi, lors de leur rencontre à San Francisco.
Les deux chefs d’État se sont entretenus en marge du sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique, organisé dans la ville californienne.
Cette rencontre était placée sous le signe de la réconciliation, mais les deux chefs d'État ont tout de même acté leurs différends sur certains points.
Taïwan
C’est l’un des dossiers qui divise le plus les deux États. Mercredi, le président chinois a déclaré que «les États-Unis doivent cesser d’armer Taïwan et soutenir la réunification pacifique de la Chine». Pékin revendique sa souveraineté sur cette île, où se déroulera bientôt une élection présidentielle, et a affirmé que cette réunification serait de toute façon «inévitable».
De son côté, Joe Biden a confirmé la position ambigüe des États-Unis. «J'ai réitéré ce que j'ai dit depuis que je suis président, et ce que tous les présidents précédents ont dit : Nous maintenons l'accord sur la politique d'une seule Chine», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet. Les États-Unis ne soutiennent donc pas l’indépendance de Taïwan mais refusent une prise de pouvoir de la Chine par la force. Il a toutefois demandé à Xi Jinping de «respecter le processus électoral».
Trafics de drogue
Joe Biden et Xi Jinping se sont entendus sur la lutte contre le trafic de drogue à l’échelle mondiale, et notamment du fentanyl. «Tout d'abord, je suis heureux d'annoncer qu'après de nombreuses années d'interruption, nous relançons la coopération entre les États-Unis et la RPC (République populaire de Chine, NDLR) en matière de lutte contre les stupéfiants», s’est réjoui Joe Biden.
«Je veux dire à tous que la Chine compatit profondément avec les Américains, en particulier les jeunes, pour les souffrances que le fentanyl leur a infligées», a déclaré de son côté Xi Jinping.
Le fentanyl est un opiacé de synthèse très puissant dont certains composés chimiques sont fabriqués en Chine. Comme beaucoup d’opioïdes, il est utilisé comme une drogue, qui peut engendrer une certaine euphorie, une sensation de bien-être, de la somnolence, mais qui provoque surtout une très forte dépendance. Le fentanyl cause des milliers de décès par overdose chaque année aux États-Unis, et est devenu un véritable problème de santé publique.
Ainsi, le président chinois a accepté de prendre «un certain nombre de mesures conséquentes pour réduire considérablement les approvisionnements» de composants du fentanyl, une nouvelle reçue très positivement par les Américains.
Communication militaire
«C'est d'une importance cruciale, nous reprenons les contacts militaires, les contacts directs», a annoncé Joe Biden lors de sa conférence de presse. L’administration Biden a ensuite indiqué que les discussions politiques sur le plan militaire allaient reprendre de plus belle, et que le ministre américain de la défense, Lloyd Austin, allait notamment rencontrer son homologue chinois prochainement. Les hauts responsables militaires américains devront également s’entretenir avec leurs homologues chinois.
Les communications militaires étaient suspendues depuis plus d’un an après de grosses tensions géopolitiques, notamment l’affaire du ballon espion chinois survolant les États-Unis. «Lui et moi sommes convenus que chacun d'entre nous pouvait décrocher son téléphone, appeler directement et qu'il serait entendu immédiatement», a affirmé Joe Biden
La Chine s’est par ailleurs engagée, dans le contexte géopolitique mondial extrêmement inflammable, avec la guerre Israël-Hamas et celle entre l’Ukraine et la Russie, à ne pas envenimer la situation. «La Chine ne recherche pas de sphères d'influence, et ne livrera ni guerre chaude ni guerre froide à quelque pays que ce soit», a notamment promis Xi Jinping.
Intelligence artificielle
Xi Jinping et Joe Biden ont également convenu de discuter de l’intelligence artificielle, notamment sur son utilisation dans le secteur militaire, alors que le progrès de l’IA dans le domaine des équipements militaires pourrait constituer une révolution majeure.
Les deux chefs d’État ne se sont cependant pas engagés ce mercredi à bannir les armes autonomes létales.