L’opposition de centre-droit, portée par l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk, a officiellement remporté les élections législatives en Pologne ce dimanche.
La Pologne bascule dans le camp pro-européen. Ce dimanche, l’opposition centriste menée par l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk a remporté les élections législatives, qui s’annonçaient extrêmement serrées, selon les résultats partiels.
Selon les sondages à la sortie des urnes, la coalition composée de trois partis de l’opposition (la Coalition civique de Donald Tusk, la Troisième voie des chrétiens démocrates et la gauche) a remporté 248 sièges au total, sur les 460 qui composent la Diète. Les conservateurs du parti Droit et Justice (PiS), le parti actuellement au pouvoir, et ceux de la Confédération, le parti d’extrême droite, ont remporté 212 sièges.
Dans le détail, avec 80% de dépouillement, le PiS a obtenu 36,27% des voix, la Coalition civique 29,41%, la Troisième voie 14,45%, a rapporté la BBC. Au total, la coalition d'opposition obtient pour l'heure plus de 52% des votes. La participation a par ailleurs battu un record, et a atteint 73% pour ces élections législatives. Le taux de participation des jeunes et des femmes a notamment été décisif.
Vers de meilleures relations avec l'UE ?
Ainsi, même en s’alliant avec l’extrême droite, le PiS de Jaroslaw Kaczynski ne réussira pas à réunir une majorité pour former le nouveau gouvernement. La Pologne met ainsi fin à huit années de gouvernement des conservateurs eurosceptiques du PiS.
Les relations avec l’Union européenne s’étaient fortement dégradées depuis l’arrivée au pouvoir de la droite dure, notamment en raison de réformes et mesures jugées contraires à la démocratie par l’UE, comme la réforme de la justice, ou le contrôle des médias publics. «Que nous soyons au pouvoir ou dans l'opposition, (...) nous ne permettrons pas que la Pologne soit trahie», a déclaré Jaroslaw Kaczynski à l’issue du scrutin, tout en saluant le succès relatif de son parti, qui est tout de même arrivé en tête.
«Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie avec cette supposée deuxième place, la Pologne a gagné, la démocratie a gagné. Nous les avons écartés du pouvoir», a réagi de son côté l’ancien président du Conseil européen. Une victoire pour les centristes d’autant plus importante que Donald Tusk a été vilipendé par les médias publics, placés sous la houlette du gouvernement conservateur, pendant des semaines.
L'opposition centriste craignait qu'un troisième mandat de la droite n'éloigne encore un peu plus la Pologne de ses partenaires européens. En raison des atteintes à l'indépendance de la justice par l'actuel gouvernement conservateur, Varsovie n'a notamment pas pu toucher plus de 35 milliards d'euros prévus dans le Plan de relance européen.
Quelques jours pour former un gouvernement
Désormais, c’est au président polonais, Andrzej Duda, de désigner son futur Premier ministre, qui aura 14 jours pour proposer un nouveau gouvernement et obtenir le vote de confiance du Parlement, qui doit l’approuver à la majorité absolue. Si le nouveau gouvernement n’est pas approuvé par les députés au bout de 14 jours, c’est à la Diète de proposer et d’élire le nouveau Premier ministre.
La possibilité d’un gouvernement centriste et pro-européen est de plus en plus probable, mais elle pourrait se heurter au président conservateur Andrzej Duda, qui vient lui-même du parti Droit et Justice. Il n’a, pour l’heure, pas encore annoncé à qui il allait confier la formation du nouveau gouvernement.