La Pologne organise ce dimanche 15 octobre des élections législatives, qui seront particulièrement observées. Le scrutin s'annonce très serré, et selon le résultat, pourrait avoir de lourdes conséquences sur les relations entre la Pologne et l’Union européenne.
Elles sont déjà considérées comme les élections les plus importantes du pays depuis plus de 30 ans. Ce dimanche, la Pologne organise des élections législatives, qui s’annoncent d’ores et déjà décisives pour son avenir au sein de l’Union européenne, et particulièrement serrées. Les quelque 30 millions de Polonais sont attendus aux urnes pour renouveler l’intégralité de la Diète, l’Assemblée nationale polonaise, et du Sénat, pour les quatre prochaines années.
En lice, le parti au pouvoir depuis 2015, Droit et Justice (PiS), qui se situe pour le moment en tête des sondages, avec entre 32 et 34% des intentions de vote, mené par Jaroslaw Kaczynski, vice-premier ministre de la Pologne, 74 ans, considéré comme le dirigeant du pays. Sa campagne a été axée sur la sécurité et la souveraineté nationale, et sur les critiques des politiques européennes, notamment migratoires, pour mobiliser sa base électorale.
En août dernier, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait notamment annoncé l’organisation d’un référendum sur la politique migratoire européenne. Il souhaitait notamment poser la question : «Soutenez-vous l'admission de milliers d'immigrants illégaux du Moyen-Orient et d'Afrique dans le cadre du mécanisme de relocalisation forcée imposé par la bureaucratie européenne ?», faisant référence au nouvel accord européen sur le système d’asile.
Des Relations compliquées avec l'UE
Depuis l’arrivée du PiS au pouvoir en 2015, les relations avec l’Union européenne se sont particulièrement dégradées, en raison des nombreuses réformes mises en place par l’exécutif nationaliste qui viennent se heurter aux valeurs démocratiques européennes, notamment sur celle de la justice ou encore des atteintes aux droits des personnes LGBT ou des migrants.
Les atteintes à la liberté de la presse ont également été particulièrement décriées par l'UE, tous les médias publics étant contrôlés par le PiS, et donc étant devenus des organes de propagande nationaliste. L’Europe avait ainsi bloqué pendant un an les 35 milliards d’euros destinés à Varsovie dans le cadre du plan de relance européen, pour sanctionner les atteintes à l’État de droit Pologne.
Face à la droite conservatrice et nationaliste du PiS se trouve l’opposition incarnée par Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, au sein de la Plateforme civique. Lors de la campagne, ce parti de centre-droit pro-européen a de son côté plutôt mis l’accent sur les problématiques économiques, notamment sur la lutte contre l’inflation, prévue à 11,4% en 2023 par l’UE.
Donald Tusk talonne le PiS dans les sondages, si bien qu’une victoire de l’un ou l’autre des partis reste encore difficile à prédire. Les résultats de ces élections seront pourtant décisives pour l’Europe, la Pologne devant prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne à partir de janvier 2025.
Une coalition nécessaire pour gouverner
Le pouvoir reviendra certainement à celui qui réussira à former une coalition pour gouverner. Les craintes à ce sujet se font de plus en plus prégnantes, car le PiS pourrait s’allier avec l’extrême droite polonaise. La Confédération, profondément eurosceptique, a affirmé officiellement ne pas vouloir former de coalition, mais une alliance reste probable selon certains observateurs.
Une telle alliance pourrait avoir également de lourdes conséquences pour l’Ukraine, l’extrême droite polonaise critiquant les «privilèges» des réfugiés ukrainiens en Pologne. Si Varsovie a été un allié de poids de Kiev au début du conflit avec la Russie, accueillant des millions de réfugiés sur son territoire, les relations se sont distendues depuis plusieurs semaines. La Pologne a notamment suspendu les importations de céréales ukrainiennes pour protéger ses propres agriculteurs, ainsi que les livraisons d'armes à Kiev.
De son côté, la Plate-forme civique de Donald Tusk pourrait tenter de former une coalition avec trois partis du centre et de la gauche pour former un gouvernement, mais qui risquerait de se heurter au président polonais, Andrzej Duda, qui appartient à la droite nationaliste du PiS.
Le leader pro-européen a toutefois réussi à mobiliser des centaines de milliers de Polonais dans les rues de Varvosie il y a quinze jours, pour protester contre les dérives du gouvernement actuel.