En Australie, le référendum qui se tenait ce samedi, sur les droits des Aborigènes a vu la victoire du «non», à environ 55%.
Les Australiens ont clairement rejeté, ce samedi 15 octobre, une réforme des droits des Aborigènes, soumise par référendum, à l'issue d'une campagne acrimonieuse qui a creusé les divisions raciales dans le pays-continent.
Après le comptage des voix des trois quarts des bureaux de vote du pays, il ressort que 55% des électeurs ont voté «non» au texte qui proposait de reconnaître dans la Constitution les Aborigènes comme les premiers habitants de l’île-continent et de leur donner une «voix» spécifique.
Le projet prévoyait de créer un conseil consultatif, surnommé «La Voix», auprès du Parlement et du gouvernement, pour émettre des avis sur les lois et les politiques publiques qui affectent les populations autochtones, Aborigènes et insulaires du détroit de Torres, qui représentent 984.000 personnes, soit 3,8% de la population australienne.
«Les Australiens ont voté contre un changement de la Constitution», a déclaré le vice-Premier ministre, Richard Marles, sur la chaîne publique ABC, reconnaissant l'échec du référendum.
Un climat délétère
D’abord largement majoritaire, le camp favorable au changement de la Constitution de 1901 n'a cessé de perdre du terrain ces derniers mois, en raison notamment de la campagne menée par l'opposition conservatrice, dirigée par l'ancien ministre de la Défense Peter Dutton.
Pour le camp conservateur, la réforme constituait un bricolage constitutionnel et aurait créé des divisions au sein de la société, en créant une distinction de citoyenneté. «C'est un résultat difficile, un résultat très difficile», a déclaré le directeur de la campagne «Yes23», Dean Parkin. «On a fait tout ce qu'on a pu, et nous allons y revenir», a-t-il assuré.
La campagne avait entraîné une avalanche de commentaires racistes sur les médias en ligne. De fausses informations ont aussi circulé, dont certaines affirment que les titres de propriété pourraient être remis en cause ou que des réparations devraient être versées si la réforme passait. Pour les partisans de «La Voix», cette réforme devait contribuer à panser les plaies encore vives d'un passé de colonisation et de répression raciale.
Aujourd'hui, plus de 200 ans après la colonisation britannique, les Australiens autochtones, dont les ancêtres vivent sur le continent depuis au moins 60.000 ans, ont les mêmes droits que les autres citoyens, mais ils souffrent toujours de fortes inégalités.