L'un des responsables présumés des attentats du 11-septembre ne pourra pas être jugé. Ce jeudi, la justice militaire l'a déclaré «inapte» en raison de son état de santé mentale.
Il est accusé d'avoir participé à la planification des attentats du 11-Septembre 2001 et pourtant Ramzi ben al-Chaïba ne comparaîtra pas devant la justice. Jeudi 21 septembre, le tribunal militaire américain de Guantanamo a déterminé qu'il ne pourrait pas être jugé en raison des séquelles psychologiques qu'il présente à cause des tortures subies en détention.
D'après les informations du New York Times, le colonel Matthew McCall, un juge militaire, a estimé que ce Yéménite de 51 ans est dans un état qui l'empêche de se défendre. Les médecins de la base américaine de Guantanamo, située sur l'île de Cuba, lui ont diagnostiqué un syndrome de stress post-traumatique, des caractéristiques psychotiques et un trouble délirant.
Depuis des années, Ramzi ben al-Chaïba se plaint ainsi d'être «tourmenté par des forces invisibles qui font vibrer son lit, sa cellule, et qui piquent ses parties génitales, le privant de sommeil». Son avocat assure que l'état de cet homme est lié aux «techniques d'interrogatoire renforcées» employées à son égard par la CIA. Il serait question de privation de sommeil, de simulation de noyade et de passages à tabac.
D'après les psychiatres militaires, Ramzi ben al-Chaïba est «incapable de comprendre la nature de la procédure engagée contre lui ou de coopérer intelligemment» avec son équipe de défense juridique.
Ce vendredi, il devait participer à une procédure préliminaire avec Khaled Cheikh Mohammed, considéré comme le cerveau des attentats du 11-septembre, et trois autres accusés. Tous sont détenus à Guantanamo depuis plus de quinze ans et font partie des 30 derniers prisonniers de cette geôle critiquée par les organisations internationales. Celles-ci dénoncent des détentions extrajudiciaires, des conditions de vie dégradantes et des aveux obtenus sous la torture.
Un accord proposé par les procureurs militaires
La procédure lancée contre ces cinq hommes a avancé à une lenteur extrême depuis l'annonce des accusations initiales, en février 2008. L'ouverture du procès en 2012 a été suivie par des dizaines d'audiences préliminaires. Stoppée début 2019, à cause de la pandémie de Covid-19, la procédure n'a repris qu'en septembre 2021.
Depuis, les débats avancent toujours au même rythme, notamment parce que les avocats de la défense invoquent les actes de torture perpétrés sur leurs clients lorsqu'ils étaient aux mains de la CIA afin de faire invalider la plupart des preuves. La défense réclame à ce sujet de nombreux documents confidentiels, que le gouvernement refuse de fournir, et souhaite entendre des dizaines de témoins supplémentaires.
En août dernier, les procureurs militaires ont adressé une lettre aux familles des quelque 3.000 victimes de l'attentat le plus meurtrier de l'histoire des Etats-Unis pour leur proposer un accord censé mettre un terme à ces longues années de procédure. S'il est accepté, les prévenus «accepteraient la responsabilité pénale de leurs actions et plaideraient coupable des accusations retenues contre eux et en échange ne seraient pas condamnés à mort». Il n'y aurait donc pas de procès.
Certaines familles ont estimé que cet accord conduirait à ne jamais connaître la vérité ultime sur les attentats de 2001, dont le rôle présumé de responsables saoudiens. D'autres, plus favorables, soulignent que, le temps passant, de plus en plus de proches de victimes meurent sans jamais avoir obtenu justice tandis que les prévenus, vieillissants, risquent eux aussi de s'éteindre avant d'être jugés.