Alexeï Navalny, le principal opposant russe à Vladimir Poutine, a été condamné ce vendredi 4 août à dix-neuf années de prison supplémentaires pour «extrémisme». Il devra purger sa peine dans un pénitencier aux conditions très difficiles.
Les peines s'accumulent pour Alexeï Navalny. Déjà condamné à neuf ans de prison après son arrestation en 2021, le principal opposant russe à Vladimir Poutine a de nouveau été condamné à une autre peine de prison ce vendredi 4 août. Si la première condamnation avait pour motif «escroquerie» et «outrage à magistrat», cette fois, Alexeï Navalny est accusé «d'extrémisme».
Après un procès qui s'est déroulé à huis clos dans la colonie pénitentiaire de Melekhovo, à l'Est de Moscou, Kira Yarmych, la porte-parole de l'homme de 47 ans, a indiqué sur X (anciennement Twitter) qu'Alexeï Navalny «avait écopé de dix-neuf ans de régime spécial», soit une réclusion dans l'un des établissements les plus rudes du système carcéral russe. Tout sauf une surprise pour l'opposant, qui avait dit la veille à ses proches s'attendre à «une peine stalinienne».
Алексею Навальному дали 19 лет особого режима.
Alexey Navalny was sentenced to 19 years in maximum security colony.— Кира Ярмыш (@Kira_Yarmysh) August 4, 2023
Kira Yarmych ajoute que les parents de l'accusé n'ont pas pu voir leur fils lors de ce procès.
Des soutiens de poids
De nombreux pays dans le monde ont réagit à cette condamnation. L'Allemagne, par la voix de la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, dénonce une «injustice flagrante». «Poutine ne craint rien de plus que ceux qui s'opposent à la guerre, à la corruption et défendent la démocratie, même depuis une cellule de prison. Il ne fera pas taire les voix critiques», a-t-elle ajouté sur X.
Dass Russlands Willkürjustiz Alexej #Nawalny weitere 19 Jahre wegsperrt, ist blankes Unrecht. Putin fürchtet nichts mehr als Eintreten gegen Krieg & Korruption und für Demokratie - selbst aus der Gefängniszelle heraus. Er wird damit kritische Stimmen nicht zum Schweigen bringen.
— Außenministerin Annalena Baerbock (@ABaerbock) August 4, 2023
L'Union européenne a, quant à elle, jugé «inacceptable» cette condamnation. Charles Michel, le président du Conseil européen évoque un «procès truqué», tout comme Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'UE qui «condamne dans les termes les plus fermes (...) son arrestation, son procès et sa condamnation aux motivations politiques». La France, à travers le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré que les «conditions inéquitables, les fondements arbitraires et l'issue abusive de ce procès témoignent de l'acharnement judiciaire subi par M. Navalny et du non-respect des règles du procès équitable et de l’État de droit par les autorités russes».
The latest verdict in yet another sham trial against Alexey @navalny is unacceptable. This arbitrary conviction is the response to his courage to speak critically against the Kremlin’s regime.
I reiterate the EU's call for the immediate and unconditional release of Mr. Navalny.— Charles Michel (@CharlesMichel) August 4, 2023
L'ONU, de son côté, a demandé la «libération immédiate» d'Alexeï Navalny. Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, rappelle que les États «ont l'obligation de respecter l'ensemble des droits à un procès équitable et à une procédure régulière pour tous les individus privés de liberté». En conséquence, il appelle les autorités russes à «respecter ces obligations en cessant immédiatement les violations des droits humains de M. Navalny et en le libérant».
Le principal opposant russe a été emprisonné à son retour en Russie, début 2021, après avoir survécu in extremis à un empoisonnement.