Alors que le taux du Livret A devrait augmenter le 1er août prochain, le gouverneur de la Banque de France a souhaité modérer les attentes conernant le fameux «placement préféré des Français».
Avec près de 56 millions de comptes actifs, le Livret A est toujours le placement le plus populaire auprès des Français. Sa prochaine revalorisation, programmée au 1er août, devrait voir le taux d'intérêts légèrement augmenter. Mais alors que les analystes avaient prévu 4% voire 4,10%, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé à être «prudent» sur ces estimations, qui font toujours l'objet de discussions avec le ministère de l'Économie.
«Il faut préserver d'un côté l'intérêt des épargnants, bien sûr, et de l'autre un secteur ultrasensible pour les Français, qui est le secteur du logement, parce que le Livret A sert à financer en particulier le logement social et plus largement le crédit immobilier», a-t-il expliqué ce matin chez nos confrères de FranceInfo.
L'enquête mensuelle de conjoncture de la #BanqueDeFrance est parue.
3 infos à retenir :
En juin, l’activité a légèrement progressé dans l’ #industrie, et plus nettement dans les #services et le #bâtiment.
Le processus de #désinflation se confirme : la part… pic.twitter.com/dDTXvvxgFe— Banque de France (@banquedefrance) July 10, 2023
Car le Livret A, s'ils possèdent de nombreux avantages (fonds en liquide, garantis et exonérés d'impôts), reste attaché à d'autres secteurs économiques. Le président de la Banque de France rappelle ainsi que d'autres secteurs économiques se retrouveraient impactés, de fait négativement, par une augmentation du taux.
Ne pas brider la consommation
D'un côté, il y a le secteur du logement social. En effet, 60% de l'ensemble des montants des Livrets A sont gérés par le Caisse des dépôts et consignations (CDC). Cette dernière permet aux collectivités locales et bailleurs sociaux d'emprunter de l'argent pour financer respectivement «le renouvellement urbain» et «le logement social», indique la plate-forme internet du ministère de l'Économie et des Finances. Ainsi, la hausse du taux signifie des emprunts plus chers et donc, au choix, une redistribution du coût sur les impôts locaux ou alors une réduction des investissements.
Dans un communiqué diffusé ce lundi 10 juillet, l'Union sociale pour l'habitat a appelé à ne pas dépasser les 3% de taux d'intérêts, car «un point d'augmentation se traduit, en année pleine, par une charge financière supplémentaire de 1,4 milliard d'euros». Dans un contexte inflationniste déjà très lourd pour les bailleurs sociaux, ce serait un nouveau coup de massue.
L’USH demande le maintien du taux du Livret A à 3%. Une hausse aurait un impact mécanique sur la charge en intérêts des organismes #Hlm. @emmacosse : "l’enjeu du #PouvoirdAchat c’est avant tout celui des salaires, du coût du #logement, du coût de la vie."https://t.co/8WKPTKx44V
— UnionHlm (@UnionHlm) July 10, 2023
Quant aux 40% restants, ils sont l'affaire des banques, dont l'accès à des fonds directs pour des transactions reviendrait plus cher. De manière conjointe, le secteur de l'assurance-vie, moins rémunérateur (entre 1% et 2% par an), se verrait moins renfloué en liquidités si le taux du Livret A augmentait encore.
La problématique reste de concilier une inflation certes refluante mais toujours haute (4,5% en juin selon les estimations provisoires de l'Insee) et la volonté de «réinciter» à la consommation pour endiguer la stagnation de la croissance. Avec seulement 0,7% de croissance prévisionnelle pour l'année 2023 selon la Banque de France, le coup d'arrêt provoqué par la pandémie de Covid-19 ne serait toujours pas résorbé. Or, la consommation de biens a encore baissé de 1% au mois d'avril selon l'Insee, signe d'une inquiétude chez les Français, témoins de prix toujours très élévés.
Selon de nouvelles prédictions dans l'idée de «concilier ces intérêts contradictoires», le taux d'intérêts du Livret A pourrait n'être que légèrement rehaussé. Les analystes tablent sur un chiffre symbolique, comme 3,5%. Les propos du patron de la Banque de France tendent en tout cas à prévoir sur un taux égal ou inférieur à 4%.
Les considérations économiques et politiques sont donc au cœur des négociations qui se poursuivent encore pour la définition du taux d'intérêt début août. À ce jeu-là, la loi indique que Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, doit suivre les consignes de la Banque de France, sauf en cas de circonstances jugés exceptionnelles. Réponse probablement ce jeudi de la part de l'actuel pensionnaire de Bercy.