Dimanche 25 juin, la justice allemande a reconnu avoir placé plusieurs militants du groupe écologiste Letzte Generation sur écoute. Une décision qui ne fait pas l'unanimité.
Connu pour ses actions de désobéissance civile visant à attirer l'attention sur l'urgence climatique, le collectif écologiste allemand Letzte Generation («Dernière génération») est dans le viseur du gouvernement. Dimanche 25 juin, le parquet allemand a admis avoir placé certains de ses militants sur écoute, provoquant un tollé dans le pays.
Un porte-parole du parquet de Munich a précisé que cette décision avait été prise dans le cadre d'une enquête motivée par des soupçons selon lesquels des membres du groupe «constituaient ou soutenaient une organisation criminelle».
++ Überwachung seit Oktober ++
Wir protestieren mit Namen und Gesicht, veröffentlichen unsere Pläne, akzeptieren rechtliche Konsequenzen. Dennoch protokollierte das bayrische LKA Telefonate, Mails und Bewegungsprofile. Selbst unser Pressetelefon wurde überwacht. Das ist absurd!— Letzte Generation (@AufstandLastGen) June 24, 2023
Les conversations entre les membres du groupe et des journalistes qui les interrogeaient ont notamment été écoutées, même si les journalistes eux-mêmes n'étaient pas directement visés, selon le parquet. Ils «ont été concernés par ces mesures en raison des appels passés via les numéros de téléphone surveillés».
Selon le journal allemand Süddeutsche Zeitung, cette opération a démarré en octobre 2022 et comprenait également la surveillance des courriels, des comptes de messagerie vocale ainsi que l'enregistrement des données GPS des téléphones portables.
«Nous protestons en montrant nos noms et nos visages, publions nos plans, acceptons les conséquences juridiques», a réagi Letzte Generation sur Twitter. «Néanmoins, la LKA bavaroise (la police) a enregistré des appels téléphoniques, des e-mails (...) C'est absurde.»
Des perquisitions en mai
Selon le collectif, la police elle-même a «admis que le contenu» des conversations surveillées «n'allait pas au-delà de ce qui est publié dans les communiqués de presse ou les conférences». Accusant le gouvernement d'«enfreindre la Constitution» et de «menacer la démocratie», les militants ont assuré que cette surveillance ne les empêcherait «en aucune façon» de poursuivre leur mobilisation.
Durant cette même enquête, en mai, des perquisitions visant sept membres du collectif avaient déjà été menées dans «quinze lieux sur tout le territoire». Une procédure au cours de laquelle des «comptes ont été saisis et des actifs ont été mis en sûreté», selon le parquet.
Partisans de la désobéissance civile, les militants de Letzte Generation divisent l'opinion publique avec leurs méthodes, qui consistent notamment à bloquer la circulation en collant leurs mains sur le bitume des routes, retarder des vols ou projeter différentes substances sur des oeuvres d'art. Leur mise sur écoute a toutefois fait réagir, notamment à gauche.
Selon Lars Castellucci, du Parti social-démocrate (PSD), «l'ensemble de la procédure soulève des questions de proportionnalité». De son côté, Dietmar Bartsch, chef du groupe parlementaire de gauche, a estimé que ces écoutes téléphoniques étaient non seulement «tout à fait inappropriées» mais aussi instrumentalisées dans le cadre de la campagne électorale bavaroise.