Via un décret paru au Journal Officiel algérien le 21 mai dernier, le président de l'Algérie, Abdelmadjid Tebboune, a réintroduit un couplet controversé dans l'hymne national de son pays, lequel demande à la France de «rendre des comptes».
Une décision jusqu'ici passée inaperçue mais qui pourrait désormais avoir de lourdes conséquences diplomatiques. Le président de l'Algérie, Abdelmajid Tebboune, a réintroduit, via un décret paru au Journal Officiel algérien le 21 mai dernier, un couplet, mis de côté dans l'hymne national par les institutions du pays en 1986, demandant à la France de «rendre des comptes».
Créé en 1955 et adopté comme hymne national en 1963, Kassaman («Nous jurons») a été écrit par le poète algérien Moufdi Zakaria, un militant indépendantiste emprisonné à plusieurs reprises par les autorités françaises. Dans sa version longue, seulement utilisée depuis 1986 pour les congrès du Front de Libération National (FLN) et pour l'investiture du président de la République, l’hymne possède cinq couplets.
Avec ce décret, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé d’élargir l’utilisation de cette version longue, comprenant des passages visant directement la France, selon Le Point. Cette dernière version sera dorénavant jouée lors des protocoles pour chaque commémoration et cérémonie officielle en présence de ce dernier, ainsi que pour toute visite officielle des chefs d’État.
Une situation qui pourrait s’avérer gênante lors de la prochaine visite officielle d’Emmanuel Macron en Algérie puisque le troisième couplet vise directement notre pays. «Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l'avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra. Car nous avons décidé que l'Algérie vivra. Soyez-en témoin !», explicite le couplet.
Un ennemi bien défini dans l’hymne de l'Algérie
Si Kassaman n’est pas particulièrement violent dans son texte, il a néanmoins la particularité de désigner clairement son ennemi : la France. Un fait assez rare pour être souligné car traditionnellement, les hymnes nationaux, aussi offensifs qu’ils puissent être, ne ciblent pas une nation en particulier.
L’hymne national était réduit à un seul couplet depuis 1986 pour les visites internationales et les événements impliquant le président algérien. Les détracteurs du troisième couplet reprochaient notamment à son auteur de faire référence à la France comme si l’histoire algérienne avait commencé avec la guerre d’Algérie.
L’ancien secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidines Mohand Ouamar Belhadj «a félicité le président Abdelmadjid Tebboune pour ce geste», d’après le média TSA. Cette décision devrait contribuer à refroidir davantage les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie, déjà particulièrement froides ces derniers mois autour des visas et des laissez-passer consulaires.