Le risque d'éruption sur les Champs phlégréens, une région volcanique près de Naples en Italie, n'a jamais été aussi élevé, prévient une étude anglo-italienne publiée ce vendredi.
Un demi-million d'habitants sont sous la menace directe d'un super volcan. Moins connu que le Vésuve qui a rayé Pompéi de la carte il y a près de deux millénaires, le volcan des Champs phlégréens (Campi Flegrei, en italien), entré en éruption pour la dernière fois en 1538, expose des centaines de milliers d'habitants à un déluge de lave, de cendres et de rochers.
L'énergie du volcan est telle que son éruption il y a 30.000 ans aurait contribué à l'extinction de l'homme de Néandertal, selon certaines hypothèses. Une série documentaire sur Netflix avait aussi mis en avant la dangerosité de ce super volcan, il y a quelques mois. «C'est un volcan extrêmement dangereux», a expliqué à l'AFP Stefano Carlino, co-auteur de l'étude de l'université londonienne UCL et de l'Institut italien de géophysique et de vulcanologie (INGV), parue dans la revue Communications Earth & Environment.
«Nous ne disons pas qu'une éruption va se produire, nous disons que les conditions d'une éruption sont plus favorables» aujourd'hui, a lui précisé Christopher Kilburn de l'UCL, le responsable des travaux.
Fragilisé par une multitude de petits séismes
Depuis les années 1980 où un regain d’activité avait entraîné l'évacuation de 40.000 habitants, le volcan n'avait pas fait parler de lui. Pourtant, selon l’étude, les dizaines de milliers de petits séismes survenus à partir des années 1950 ont fragilisé la caldera - dépression volcanique à fond plat -, dont des «parties ont été éprouvées jusqu'à quasiment atteindre le point de rupture».
Ces secousses, plus nombreuses encore depuis 2019, ont ainsi bouleversé les strates souterraines. La commune de Pouzzoles sur laquelle se trouve le volcan s'est également élevée de quatre mètres au fil des décennies.
En outre, les chercheurs ont souligné que les effets de l'activité du volcan sont «cumulatifs»: il n'est donc pas nécessaire que l'intensité de cette activité augmente significativement pour accroître la probabilité d'une éruption. «Une éventuelle éruption pourrait être précédée de signaux relativement faibles, comme un niveau modeste de soulèvement du sol, et un plus petit nombre de séismes», ont-ils noté.
Ils ont pris l'exemple de la caldera Rabaul en Papouasie-Nouvelle-Guinée, entrée en éruption en 1994 alors que les secousses qui l'avaient précédée étaient bien moins nombreuses que lors de l'éruption survenue dix ans plus tôt.
Niveau d’alerte jaune
Si la probabilité d'une méga éruption est «très faible», de petites éruptions sont plus probables, a tempéré Stefano Carlino. Mais si «nous ne pouvons dire avec certitude ce qu'il va se passer, ce qui compte, c'est d'être préparé à toute éventualité». Par ailleurs, d’après Christopher Kilburn, même en cas de rupture de la croûte, «il faut que le magma remonte au bon endroit».
Un demi-million d'habitants vivent dans un périmètre à haut risque, 800.000 autres dans une zone à risque moindre. En cas d'alerte, le plan des autorités locales prévoit l'évacuation de la population en transport public. Le niveau d'alerte - vert, jaune, orange, rouge - lui, est revu chaque mois.
«Actuellement à Pouzzoles, le niveau d'alerte est jaune», a déclaré à l'AFP une porte-parole de la commune, Giordana Mobilio. «Nous avons un canal de communication constant avec les habitants de la commune que nous informons des secousses» d'une magnitude supérieure à 1,5, souligne-t-elle.