Alors que la guerre en Ukraine s’enlise et que des tensions diplomatiques se font de plus en plus sentir, les dirigeants du G7 doivent se réunir dès ce vendredi 19 mai à Hiroshima, au Japon.
Les dirigeants des principales puissances mondiales doivent se réunir à partir de vendredi, et jusqu’à dimanche, pour un sommet du G7 (France, Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Italie) à Hiroshima, au Japon, jusqu'à dimanche.
Pour le Premier ministre nippon, Fumio Kishida, la communauté internationale se trouve à un «tournant historique», et les discussions sur l’ordre mondial, la non-prolifération nucléaire et la coopération internationale sont indispensables.
Désarmement nucléaire
L’un des principaux sujets au menu des dirigeants du G7 se trouve être le désarmement nucléaire et la non-prolifération, et l’organisation du sommet à Hiroshima se veut donc hautement symbolique. La ville japonaise avait été la cible d’une bombe nucléaire le 6 août 1945, lâchée par les Américains, faisant des dizaines de milliers de victimes et rasant la ville. Le chef du gouvernement japonais a justement déclaré avoir voulu organiser le sommet du G7 à Hiroshima pour faire prendre conscience aux différentes nations de la dévastation causée par les armes nucléaires.
Il est notamment prévu que Fumio Kishida fasse visiter aux différents chefs d’État le mémorial de la paix de Hiroshima pour les confronter aux horreurs vécues par les Japonais lors des bombardements américains.
Promouvant l’idéal d’un monde sans arme nucléaire, les pays du G7 devraient notamment discuter de l’expansion de l’arsenal nucléaire chinois, des nombreuses provocations de la Corée du Nord, notamment contre son voisin du Sud mais aussi contre le Japon, ou encore des menaces de Vladimir Poutine de faire usage d’armes nucléaires en cas d’attaque de l’Ukraine.
L’objectif est donc de prendre de nouveaux engagements à ne pas utiliser d’armes atomiques et de réduire les arsenaux pour les pays qui en disposent. Le Japon espère ainsi renforcer les traités déjà existants en matière d’armement nucléaire, comme le TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), signé par 191 États, ou le TIAN (Traité sur l’interdiction des armes nucléaires), plus contraignant, qui n’a pour le coup été signé par aucune des puissances possédant la technologie nucléaire, pas même le Japon lui-même.
Actuellement, neuf pays sont dotés de l’arme nucléaire : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, tous trois membres du G7, ainsi que la Russie, la Chine, mais aussi l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël. Au vu du contexte sécuritaire mondial actuel, il n’y a que peu de chance que les membres du G7 prennent de véritables engagements en matière de désarmement.
Influence de la chine
Les organisateurs du G7 ont convié, outre les sept nations membres, les dirigeants de huit autres pays lors de ce sommet : l’Australie, le Brésil, les Comores, les Îles Cook, la République de Corée, l’Inde, l’Indonésie et le Viêt Nam. L’objectif est d’accroître l’influence du G7 auprès d’autres partenaires internationaux, notamment pour réduire celle de la Chine dans plusieurs régions du monde.
Le Japon a notamment un projet de développement d’une zone «indopacifique libre et ouverte», craignant les activités militaires de plus en plus nombreuses de Pékin, notamment en mer de Chine méridionale mais également près de Taiwan.
Ce n'est «pas un G7 antichinois», a insisté l’Élysée auprès de l’AFP, en souhaitant «un message positif» de coopération «à condition que nous négociions ensemble». Emmanuel Macron avait par ailleurs créé la polémique en avril dernier, après avoir déclaré à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 portant principalement sur Taïwan, que l’Europe devrait éviter de se mêler «des crises qui ne sont les (siennes)». Le président français est attendu ce week-end au Japon, et se rendra même en Mongolie dimanche pour une brève visite.
Est également attendu à Hiroshima le président brésilien Lula, qui s’est rendu à Pékin le mois dernier pour signer des partenariats stratégiques. La Chine se trouve être le premier partenaire commercial du Brésil. Une proximité qui peut agacer les pays occidentaux, et surtout les États-Unis, notamment en raison de la position du Brésil et de la Chine sur la guerre en Ukraine.
Guerre en Ukraine
Il sera évidemment question de la Russie et de l’Ukraine lors de ce nouveau sommet du G7 au Japon. La présence de représentants de pays non-membres du G7 a aussi pour vocation de convaincre les plus réticents de rejoindre le camp occidental en s’opposant clairement à l’invasion russe, et en s’engageant à soutenir Kiev. L’Inde et le Brésil ont notamment des positions ambivalentes sur le sujet : Brasilia accuse les États-Unis d’attiser le conflit, tandis que New Delhi reste un allié militaire de longue date de Moscou et s'est abstenu de condamner l'invasion russe.
Volodymyr Zelensky, qui vient de terminer une tournée diplomatique en Europe pour remercier ses alliés et réclamer davantage d’armes, devrait notamment s’exprimer par visioconférence lors du sommet du G7 à Hiroshima.
Assurer la sécurité du sommet
Dans un tout autre registre, le Japon doit également faire face à un défi sécuritaire particulièrement important avec l’organisation du sommet du G7. Cette réunion des chefs des principales puissances mondiales est toujours placée sous haute surveillance, mais des récentes attaques contre des hommes politiques au Japon font monter la pression.
En effet, en avril dernier, le premier ministre Fumio Kishida avait été la cible d’un attentat à la bombe artisanale, auquel il a échappé de justesse. L’année dernière, l’ancien Premier ministre Shinzo Abe avait été tué par balle lors d’un rassemblement électoral.
Pour assurer la sécurité des différents chefs d’État, 24.000 forces de sécurité seront déployées à Hiroshima dès vendredi, selon la presse locale, et des hélicoptères sont mobilisés pour assurer la surveillance de la ville. La sécurité a même été renforcée jusqu'à Tokyo.