Ce dimanche 7 mai, le premier ministre du Japon, Fumio Kishida, est en Corée du Sud pour un sommet avec le président Yoon Suk Yeol à Séoul. Les deux pays tentent un rapprochement diplomatique, malgré leurs relations distendues, pour faire front commun face à la Corée du Nord.
Malgré un lourd passé commun, le Japon et la Corée du Sud tentent de renouer leurs relations diplomatiques face à la pression de Pyongyang. Ce dimanche 7 mai, le premier ministre japonais, Fumio Kishida, est à Séoul pour deux jours, pour un sommet avec le président coréen Yoon Suk Yeol. Il s’agit de la première rencontre entre les dirigeants de ces deux pays au Corée du Sud depuis une décennie.
En mars dernier, c’était le président coréen qui s’était rendu au Japon. Ce rapprochement entre Séoul et Tokyo est historique, puisque les relations entre les deux nations s’étaient particulièrement envenimées ces dernières années. L’origine des querelles entre les deux pays remontent à la première moitié du XXe siècle, lors de la colonisation de la péninsule coréenne par le Japon (1910-1945).
L’empire nippon avait alors exercé une domination particulièrement sévère contre la population coréenne. L’une des sources de tension se cristallise autour des «femmes de réconfort» coréennes, ces esclaves sexuelles des soldats nippons durant la Seconde Guerre mondiale, et des travailleurs forcés coréens d'entreprises nippones. Les relations s’étaient par conséquent particulièrement tendues en 2018, lorsque la Cour suprême coréenne avait ordonné à certaines entreprises japonaises de verser des compensations aux travailleurs forcés.
«J'ai le coeur qui saigne face aux expériences très difficiles et tristes vécues par tant de personnes dans les dures circonstances de l'époque», a déclaré Fumio Kishida ce dimanche à l'issue d'un sommet avec le président Yoon Suk Yeol, affirmant avoir le «cœur qui saigne» en pensant aux souffrances des Coréens sous la colonisation japonaise.
«Il est de ma responsabilité, en tant que Premier ministre du Japon, d'hériter et de poursuivre les efforts de nos prédécesseurs qui ont surmonté des périodes difficiles, et de coopérer avec la Corée du Sud, en commençant avec le président Yoon, pour travailler en pensant à l'avenir», a-t-il ajouté.
Alliance contre Pyongyang
«Il a fallu 12 ans pour que la diplomatie de la navette reprenne, mais il a fallu moins de deux mois pour que nous fassions tous les deux l'aller-retour», a déclaré de son côté M. Yoon avant la réunion. «Je pense que cela confirme que les relations entre la Corée du Sud et le Japon, qui viennent d'être relancées, s'accélèrent et continuent de progresser.»
Depuis son arrivée au pouvoir il y a un an, en mai 2022, le président coréen Yoon Suk Yeol a à cœur de rétablir les bonnes relations diplomatiques avec Tokyo, encouragé par les États-Unis. L’objectif est notamment pour les deux pays ainsi que Washington de faire front commun contre la Corée du Nord, alors que Pyongyang multiplie les menaces militaires contre son voisin du sud et contre le Japon. En avril dernier, la Corée du Nord a indiqué avoir tiré un «nouveau type» de missile balistique intercontinental (ICBM) à combustible solide. Face aux menaces répétées de Pyongyang, Séoul a renforcé sa coopération avec les États-Unis, et les deux pays ont même organisé des manœuvres militaires conjointes le mois dernier.
«La situation internationale qui nous entoure rend la coopération entre le Japon et la Corée du Sud de plus en plus essentielle», a déclaré Fumio Kishida, selon le Japan Times, qualifiant la Corée du Nord de «menace sérieuse pour la paix et la sécurité non seulement de la Corée du Sud et du Japon, mais aussi du monde entier».