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Emmanuel Macron aux Pays-Bas : la souveraineté de l'UE au coeur de la visite d'Etat

La dernière visite d'Etat d'un président français aux Pays-Bas date de 2000, sous le mandat de Jacques Chirac. [Yoan Valat/Pool via REUTERS]

Aujourd'hui et demain, mardi 11 et mercredi 12 avril, Emmanuel Macron sera en visite d'Etat aux Pays-Bas. Une première pour un président français dans ce pays depuis 2000. Le chef de l'Etat doit y tenir un discours sur la souveraineté économique et industrielle de l'UE.

Toujours plongé dans la tourmente de la réforme des retraites en France, Emmanuel Macron aura pourtant les yeux tournés vers l'Union européenne (UE), ces 11 et 12 avril. Le président de la République est en visite d'Etat aux Pays-Bas, où il entend appeler à la souveraineté de l'Union, notamment en matière d'énergie et d'industrie.

La dernière visite d'Etat d'un président français aux Pays-Bas date de 2000, sous le mandat de Jacques Chirac.

Vingt-trois ans plus tard, ce déplacement d'Emmanuel Macron est «l'expression d'un rapprochement franco-néerlandais qu'il était temps de reconnaître» et «le résultat d'une forme de tectonique européenne qu'on peut dater au moins de 2016» avec le Brexit, selon la présidence française.

Réputés plus libéraux et frugaux au sein de l'UE, les Pays-Bas se rapprochent en effet d'autres partenaires européens depuis que le Royaume-Uni, leur allié traditionnel, est sorti de l'Union. Or, Emmanuel Macron cherche a renforcer les liens en Europe au-delà de l'axe Paris-Berlin, et pas seulement à Rome et à Madrid. Selon l'Elysée, les positions de Paris et La Haye ont «convergé» depuis le début de la guerre en Ukraine, notamment en matière de souveraineté économique et de politique industrielle.

Ce mardi, Emmanuel et Brigitte Macron doivent ainsi être accueillis par le roi Willem-Alexander et son épouse Maxima, à Amsterdam. Dans l'après-midi, le chef d'Etat se rendra à La Haye, où il tiendra un discours peu après 16h, au sein de l'institut de recherche Nexus. La souveraineté économique et industrielle de l'UE devrait être au coeur de son propos, comme ce fut déjà le cas il y a près de six ans, lors de sa prise de parole à la Sorbonne dans le cadre de son premier mandat présidentiel.

Sauf qu'à l'époque, Emmanuel Macron n'avait prévu ni la pandémie, ni la guerre en Ukraine, qui ont révélé certaines dépendances stratégiques de l'UE envers d'autres puissances mondiales, en matière d'énergie, de santé et de technologie. Accompagné de sept ministres, le chef d'Etat français veut donc profiter de cette visite d'Etat pour pousser les Vingt-Sept à accélérer l'autonomie industrielle de l'UE, afin de se démarquer notamment des puissances américaine et chinoise.

Dans un entretien accordé dimanche 9 avril au quotidien économique français Les Echos, le président de la République a dit ne pas vouloir «dépendre des autres sur les sujets critiques». «Le jour où vous n'avez plus le choix sur l'énergie, sur la manière de se défendre, sur les réseaux sociaux, sur l'intelligence artificielle parce qu'on n'a plus l'infrastructure sur ces sujets, vous sortez de l'histoire pour un moment», a-t-il développé.

Un «pacte pour l'innovation»

Pour éviter cela, Emmanuel Macron mise sur un plan d'investissements massifs dans l'industrie verte, qui doit répondre à celui lancé par les Etats-Unis de Joe Biden. Paris et La Haye doivent en outre signer un «pacte pour l'innovation», avec à la clé des coopérations dans les semi-conducteurs, la physique quantique et l'énergie.

En octobre dernier, les industriels de l'automobile des Hauts-de-France ont déjà signé un premier accord de coopération dans la mobilité électrique avec quinze structures néerlandaises : des entreprises, des organismes de formation mais aussi des centres de Recherche & Développement.

En matière de physique quantique, cette discipline qui permet de démultiplier la puissance de calcul des ordinateurs, les Vingt-Sept prévoient d'investir sept milliards d'euros. Selon Paris, c'est «supérieur à ce que font à la fois les Américains et la Chine», mais «aucun des pays européens tout seul ne réussira» à faire face à ces défis.

Voilà pourquoi la visite d'Etat d'Emmanuel Macron aux Pays-Bas est entièrement dédiée à l'idée d'une collaboration renforcée entre les pays membres. Pour cela, le président français compte entre autres sur la bonne relation qu'il entretient avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qu'il doit rencontrer mercredi lors de consultations gouvernementales. La France et les Pays-Bas travailleront notamment à la finalisation d'un accord de défense à l'horizon 2024.

De son côté, La Maison Royale des Pays-Bas s'est dite convaincue que «la visite d'Etat va permettre de renforcer [...] les efforts conjoints pour rendre l'Europe plus forte, plus verte et plus sûre». Le Palais royal prévoit lui aussi de mettre l'accent sur «l'autonomie stratégique européenne», en insistant toutefois sur la nécessité de préserver une «économie ouverte».

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