Le militant pro-démocratie Ales Bialiatski, colauréat du prix Nobel de la paix 2022, a été condamné à 10 ans de prison au Bélarus ce vendredi 3 mars.
Le régime du président Alexandre Loukachenko poursuit sa répression. Ce vendredi, un tribunal de Minsk a condamné vendredi à dix ans de prison le militant Ales Bialiatski, colauréat du prix Nobel de la paix 2022 et figure du mouvement démocratique au Bélarus.
L'organisation de défense des droits humains Viasna affirme que deux collaborateurs d'Ales Bialiatski, arrêtés comme lui en juillet 2021, Valentin Stefanovitch et Vladimir Labkovitch, ont, quant à eux, été condamnés respectivement à neuf et sept ans de privation de liberté. Un quatrième accusé, Dmitri Soloviev, jugé par contumace après avoir fui en Pologne, s'est vu infliger une peine de huit ans de prison.
The Belarusian court sentenced Ales Bialiatski, the Viasna chairman and the Nobel Peace Prize laureate, to 10 years in prison pic.twitter.com/3uJwuWYdt5
— Viasna (@viasna96) March 3, 2023
Ales Bialiatski et ses collègues sont accusés d'avoir fait entrer de grandes quantités d'argent liquide au Bélarus et d'avoir financé des actions collectives portant «grandement atteinte à l'ordre public»
une «vengeance» du régime de Minsk
«Ces peines monstrueuses sont une vengeance pour avoir défendu les droits humains. C'est une commande politique venue du sommet de ce pouvoir dictatorial», a dénoncé Dmitri Soloviev auprès de l'AFP.
Les dirigeants bélarusses «ont transformé le pays en camp de concentration, leur objectif est qu'il n'y ait plus aucun observateur indépendant et aucune information sur la situation des droits humains au Bélarus, sur les meurtres et les tortures», a-t-il poursuivi, appelant les Occidentaux à «ne pas marchander» avec le régime de Minsk.
Ces sévères condamnations s'inscrivent dans le cadre d'une nouvelle série de procès visant militants, journalistes et opposants, implacablement réprimés depuis le mouvement de contestation de l'été 2020.
prix nobel 2022
Ces actions de protestation, déclenchées après la réélection controversée du président Alexandre Loukachenko, accusé de fraudes massives, ont été matées avec des milliers d'arrestations, de cas de tortures, la mort de plusieurs manifestants, de lourdes peines et des exils forcés.
A l'automne dernier, Ales Bialiatski a reçu le prix Nobel de la paix avec deux autres organisations de défense des droits humains, Mémorial (Russie) et le Centre pour les libertés civiles (Ukraine).
Le militant, âgé de 60 ans, a fondé et animé pendant des années Viasna, le principal groupe de défense des droits humains dans ce régime dirigé d'une main de fer depuis 1994 par Alexandre Loukachenko. Pendant les manifestants de 2020, l'ONG Viasna avait joué un rôle-clé dans la fourniture d'informations sur les répressions ayant visé les protestataires.
Ales Bialiatski avait déjà passé près de trois ans en prison au Bélarus, entre 2011 et 2014, après avoir été condamné dans une autre affaire considérée comme politique.
Paris condamne
Après la condamnation, la principale opposante en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, a dénoncé une «injustice honteuse», tandis que la porte-parole du Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a appelé à la fin des «persécutions» visant les opposants au Bélarus.
The shameful sentence against Ales, Valiantsin & Uladzimir is the regime's revenge for their steadfastness. Revenge for solidarity. Revenge for helping others. Ten years for a @NobelPrize laureate shows clearly what Lukashenka's regime is. We won't stop fighting for our heroes. pic.twitter.com/5FHLSShqMh
— Sviatlana Tsikhanouskaya (@Tsihanouskaya) March 3, 2023
A Paris, le Quai d'Orsay a condamné «une politique de répression sans précédent conduite par les autorités biélorusses» et salué «le courage et l'abnégation» de ceux «qui se battent pour une Biélorussie respectueuse des droits fondamentaux, transparente et démocratique».
Le Bélarus (ou Biélorussie) comptait 1.461 prisonniers politiques au 1er mars, selon l'ONG Viasna. Les Occidentaux ont pris plusieurs trains de sanctions contre Minsk pour la répression des manifestations de 2020 mais le régime jouit toujours du soutien indéfectible de Moscou.