Les syndicats danois ont appelé la population à manifester, ce dimanche 5 février, afin de protester contre la suppression d'un jour férié.
Les Danois ne sont pas habitués à manifester mais, ce dimanche 5 février, ils vont faire une exception. Une mobilisation a été organisée par la Confédération des syndicats danois (FH) afin de protester contre le projet du gouvernement de supprimer le «Store Bededag», ou «grand jour des prières», un jour férié instauré il y a plus de trois siècles.
La Première ministre sociale-démocrate, Mette Frederiksen, défend cette idée afin de financer la hausse des dépenses militaires. Elle souhaite ainsi atteindre dès 2030 l'objectif fixé à 2033 par l'Otan à la lumière du conflit en Ukraine : à savoir consacrer au moins 2% du PIB au budget de la défense.
Selon le gouvernement danois de coalition centre gauche-centre, cette mesure représente 7,4 heures de travail en plus par an et pourrait rapporter 3 milliards de couronnes (403 millions d'euros) à l'Etat.
Mais la Confédération des syndicats danois (FH), qui compte près d'1,3 million de membres, soit près d'un quart des habitants, ne l'entend pas de cette oreille. Auprès de franceinfo, sa présidente, Lizette Risgaard, dénonce une mesure qui «punit» les salariés au profit des employeurs.
«C'est très rare chez nous d'organiser des manifestations, ça n'est pas dans nos habitudes. Mais là, le gouvernement a attaqué le droit des travailleurs sans nous prévenir, sans négocier, sans même nous laisser la possibilité de dire quoi que ce soit», se justifie-t-elle.
75% des Danois contre cette mesure
La contestation semble être approuvée par une grande partie de la population danoise puisqu'une pétition mise en ligne par FH a rassemblé près d'un demi-million de signatures. En parallèle, un sondage réalisé par l'institut Epinion montre que 75% des interrogés sont contre la suppression de ce jour férié, qui n'était dans aucun programme de campagne.
L'Eglise et les organisations représentant les militaires se sont, elles aussi, opposées au projet. Seuls les trois partis gouvernementaux, majoritaires au Parlement, restent convaincus du bien-fondé de cette mesure. Les neuf partis de l'opposition, de l'extrême gauche à l'extrême droite, ont prévenu qu'ils refuseraient de participer à un nouvel accord sur la politique de défense, à moins que l'exécutif fasse marche arrière.
Il y a dix ans, un gouvernement social-démocrate avait déjà tenté de supprimer ce jour férié, avant de renoncer face au tollé. Mais cette fois-ci, Mette Frederiksen assure qu'elle ne changera pas d'avis. Interrogée par la télévision danoise, elle a déclaré que le gouvernement appliquerait cette mesure «même si c'est impopulaire».