Une nouvelle technologie venue de Chine inquiète la communauté internationale. Ce vendredi, l'Amérique latine a été survolée par un ballon espion, il s'agit du deuxième engin aérien de ce type après qu'un premier a survolé jeudi les Etats-Unis, a alerté Washington. Mais à quoi servent exactement ces ballons, comment fonctionnent-ils et surtout pourquoi est-il si compliquer de les détruire ?
Le Pentagone est aujourd'hui en alerte et l'affaire crée de nouvelles tensions entre Washington et Pékin. Un deuxième ballon espion chinois a survolé des régions d'Amérique latine ce vendredi, tandis qu'un premier avait été aperçu dans le ciel des Etats-Unis jeudi. Un outil d'espionnage qui n'a pas été du goût de Washington où le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a décidé de reporter sa visite prochaine en Chine.
Alors que les pays utilisent habituellement certains satellites pour obtenir des informations, les ballons espions chinois s'inspirent des ballons sondes météorologiques. Mais alors qu'on pourrait penser que cette technologie est obsolète, des spécialistes expliquent aujourd'hui les usages et les risques qui l'accompagnent.
Un ballon géré par une intelligence artificielle
Alors que les ballons météo utilisés depuis plusieurs décennies naviguaient soit au gré du vent, soit par un système de cordage mené depuis le sol, les ballons espions repérés dans le ciel américain embarqueraient des systèmes de guidage plus perfectionnés.
Interrogé par l'AFP à ce sujet, William Kim, spécialiste des ballons de surveillance au centre de réflexion Marathon Initiative de Washington, explique : «Ce qui s'est passé très récemment avec les progrès de l'intelligence artificielle, c'est qu'on peut désormais avoir un ballon (...) qui n'a même pas besoin de ses propres moyens de propulsion. En contrôlant simplement l'altitude, il peut contrôler sa direction».
Des panneaux solaires permettent d'alimenter l'aéronef, tandis que des communications avec une base opérationnelle à distance permettraient de faire le reste pour amener le ballon où on le souhaite. L'IA pourrait comprendre quels sont les vents porteurs pour amener l'engin à destination. Le tout pouvant aussi maintenir un vol stationnaire pour se livrer à son activité d'espionnage.
Des aéronefs difficilement détectables
Dans les faits, un tel matériel qui a été repéré dans le ciel américain peut être observé dans certains cas à l'œil nu ou avec des instruments optiques, toutefois ces appareils auraient la capacité d'échapper aux radars, ce qui les rend plus complexes à détecter. «Ils sont fait en matériaux qui ne réfléchissent pas la lumière, ils ne sont pas en métal. Donc même s'ils peuvent être plutôt gros, les détecter sera une difficulté. S'ils sont assez petits, les dispositifs d'espionnage et la charge utile de ces aéronefs peuvent même passer inaperçus», poursuit William Kim.
En outre, les observer depuis le sol est rare. Les deux ballons aperçus étaient descendus sous les 50.000 pieds (environ 15 km d'altitude), tandis que ces objets volent généralement entre 65.000 et 100.000 pieds.
Un appareil dur à abattre
On pourrait penser ce type d'appareil très vulnérable et surtout facile à abattre. D'autant que des élus Républicains ont appelé Joe Biden ce samedi 4 février à détruire cet aéronef. Mais il s'agit d'une idée reçue. «Ces ballons fonctionnent à l'hélium, vous ne pouvez pas juste leur tirer dessus et les faire prendre feu comme un dirigeable», affirme le spécialiste.
Et de poursuivre : «Si vous les trouez, ils vont juste se dégonfler très lentement. En 1998, l'armée de l'air du Canada avait envoyé un avion de combat F-18 pour tenter d'abattre un ballon espion. Ils l'ont criblé d'un millier de munitions de 20 millimètres. Et cela a quand même pris six jours avant qu'il redescende». Parallèlement, les systèmes sol-air destinés à la défense anti-aérienne sont souvent programmés pour s'attaquer à des cibles rapides, or la lenteur du ballon espion joue en sa faveur, tandis que l'altitude à laquelle se positionne ces ballons les place hors de portée des armes conventionnelles.
Néanmoins, le président des Etats-Unis Joe Biden a déclaré que les Etats-Unis allaient «s'occuper» du ballon chinois entré dans l'espace aérien américain, sans ajouter davantage de précision.