L’«horloge de l’apocalypse», qui symbolise depuis 1947 l’imminence d’un cataclysme planétaire, s'apprête à être mise à jour ce mardi 24 janvier, à 16h, par les experts du Bulletin of Atomic Scientists. CNEWS revient sur l'histoire de cette «Doomsday clock», dont les aiguilles ne sont plus qu'à quelques secondes du gong fatidique.
Est-ce bientôt la fin du monde ? Ce mardi, les scientifiques du Bulletin of the Atomic Scientists (BAS), ou «Bulletin des scientifiques atomiques», vont une nouvelle fois réinitialiser l'horloge de l'apocalypse, imaginée pour symboliser l'arrivée imminente d'un cataclysme planétaire.
Sa dernière réinitialisation, par cette organisation qui rassemble des experts des questions de sécurité, d’armement nucléaire et d’environnement, remonte à 2020, où les aiguilles n'étaient plus qu'à 100 secondes de la fin des temps, soit minuit.
Et compte tenu de la situation mondiale actuelle, entre un conflit qui s'éternise en Ukraine, un réchauffement climatique de plus en plus visible et une pandémie qui a mis à mal une partie de l'humanité, il est peu probable que les aiguilles aillent en sens inverse. Pour le savoir, cette nouvelle réinitialisation sera à suivre en direct depuis Chicago, sur le site internet de l'institution.
de quoi s'agit-il ?
Chaque année depuis maintenant soixante-quinze ans, le Bulletin of the Atomic Scientists publie le nombre de minutes, et maintenant secondes, qu’il reste à l’humanité avant «l'apocalypse». En effet, ce dispositif a été créé en 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pour alerter sur les menaces nucléaires liées à la guerre froide.
Le Bulletin of the Atomic Scientists a d'ailleurs été fondé en 1945 par Albert Einstein, Robert Oppenheimer et des scientifiques, notamment engagés dans le «Projet Manhattan» à l'origine de la première bombe atomique. Et visuellement, la conception de l'horloge revient à l'artiste Martyl Langsdorf.
Son concept est assez simple : l'horloge de l'apocalypse est une représentation métaphorique et visuelle de la destruction de l'humanité, minuit représentant l'arrivée d'une catastrophe mondiale, anéantissant le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Pourquoi l'horloge avance-t-elle ?
C'est le conseil scientifique et de sécurité de l'ONG qui supervise la mise à jour de l’horloge. Ce collège est aujourd'hui composé d’universitaires américains, de spécialistes de la sécurité nucléaire, du climat ou de science politique, dont pas moins treize lauréats du prix Nobel.
Chaque année, les scientifiques du BAS réfléchissent s'ils doivent réinitialiser l'heure de cette horloge métaphorique. Et pour cela décider, ils prennent en considération un certain nombre de facteurs, tels que la menace nucléaire, le réchauffement climatique, les technologies perturbatrices, la biosécurité ou encore la désinformation.
En 2020, les scientifiques avaient avancé l'aiguille à 100 secondes de minuit en raison de la pandémie de Covid-19. Ils estimaient que le coronavirus n'allait «pas annihiler la civilisation», mais que la maladie servait «d'alarme historique» démontrant que nos gouvernements et organisations internationales n'étaient pas prêts à gérer à la fois les armes nucléaires, le dérèglement climatique, et les pandémies mondiales, qui restent encore aujourd'hui «des menaces existentielles pour l'humanité».
Les aiguilles ont-elles déjà reculé ?
Depuis sa création, les aiguilles oscillent au gré des événements. A la veille de sa nouvelle mise à jour, elles se ne trouvent plus qu'à 100 secondes de minuit, soit une minute et 40 secondes. Ou plus précisément 23 heures 58 minutes et 20 secondes.
Il faut savoir qu'à sa création en 1947, ses aiguilles indiquaient minuit moins sept. Toutefois, en 1991, à la fin de la Guerre froide, les scientifiques avaient fait reculer jusqu’à 17 minutes les aiguilles de l'horloge, soit 23h43, en raison notamment de la désescalade de la pression nucléaire. Mais en raison du changement climatique, et de la multiplication des catastrophes naturelles, l'horloge s'était emballée jusqu'à afficher 23h58 en 2019.
Une horloge de plus en plus critiquée
Cependant, les critiques contre l’existence même de cette horloge vont bon train ces dernières années. Dans une tribune publiée en janvier 2020, le physicien Lawrence M. Krauss avait déclaré dans une tribune au WSJ que la «Doomsday clock» ne reposait pas sur des bases véritablement scientifiques .
The new setting of the Doomsday Clock will be announced in a few mins in DC. Here is my take on the current Clock, written before the announcement and appearing in today's WSJ. With be interesting to learn of the new Clock setting in this context. https://t.co/zj8xcGxtTe
— Lawrence M. Krauss (@LKrauss1) January 23, 2020
De même, d'autres critiques reprochent à cet outil de générer un climat de peur. Mais quoi qu'il en soit, l'«horloge de l’apocalypse» n'est rien d'autre qu'une métaphore qui doit servir à la prise de conscience collective des dangers que l'Homme fait courir à la planète. C'est entre ses mains qu'est le pouvoir de faire reculer ses aiguilles, et donc la fin du monde.