La justice suédoise a condamné ce jeudi 19 janvier un ex-agent du renseignement suédois à la prison à perpétuité. Il a été reconnu coupable d’«espionnage aggravé» au profit de la Russie.
Une dizaine d’années passées à renseigner les Russes. Un ex-agent suédois a été condamné ce jeudi 19 janvier par la justice de son pays, à la prison à perpétuité. Avec son frère, ils ont tous les deux été reconnus coupables d’«espionnage aggravé» au profit de la Russie.
«Les frères, de façon conjointe et concertée, sans autorisation et dans le but de servir la Russie et le GRU ont acquis, transmis et divulgué des informations dont la divulgation à une puissance étrangère peut atteindre à la sécurité de la Suède», selon le tribunal.
En effet, de 2011 à 2021, le frère aîné, Peyman Kia, âgé de 42 ans, a collecté des informations sensibles, alors qu’il servait au sein de la Sûreté suédoise, Säpo, ainsi qu'au renseignement militaire. Son frère cadet, Payam Kia, 35 ans, transmettait ces informations aux renseignements militaires russes, le GRU. Il a lui écopé d’une peine de neuf ans et dix mois de prison ferme.
L'affaire a été décrite comme le plus grand scandale d'espionnage de l'histoire récente de la Suède, signe d'une infiltration de l'espionnage russe au cœur du renseignement suédois.
Visés par une enquête de contre-espionnage depuis 2017, d’après la cour, les deux frères avaient agi par appât du gain et s’étaient fait arrêtés séparément en septembre et novembre 2021.
Peyman Kia «a commis un acte d'espionnage qui entre dans la plus grave des catégories (...) impliquant des sujets de très haute importance», a déclaré le juge Måns Wigén.
90 documents secrets collectés
Si, juste avant son arrestation, le frère cadet avait réussi à détruire un disque dur retrouvé par la suite dans la corbeille, pas moins de 90 documents secrets avaient été amassés par les deux condamnés, selon la justice suédoise.
Retrouvés sur l’ordinateur personnel de Peyman Kia, au moins la moitié auraient été transmis à la Russie, selon le jugement. De plus, le tribunal a estimé que, malgré «quelques pièces manquantes», l'accusation avait établi «un grand puzzle» de preuves, «suffisamment clair pour que les accusés soient reconnus coupables».
L'essentiel du procès, qui a duré près d'un mois fin 2022, s'est tenu à huis clos au nom de la sécurité nationale. Les deux hommes, issus d'une famille d'origine iranienne, niaient les accusations. D’après leurs avocats, ils pourraient être amenés à faire appel du verdict.
Cette affaire fait également écho à un précédent scandale d’espionnage en Suède au profit de la Russie, celui de l’arrestation d’un couple d’origine russe fin novembre. Venus s’installer à Stockholm dans les années 1990, Sergueï Skvortsov et Elena Koulkova auraient agi comme agents dormants pour le compte de Moscou.