Sam Bankman-Fried, star déchue des cryptomonnaies et ex-patron de la plate-forme FTX, a été inculpé ce mardi 13 décembre de huit chefs d'accusation par la justice américaine. En cause, de fortes suspicions de fraude après l’implosion de sa société qui valait encore 32 milliards de dollars (environ 30 milliards d'euros), début 2022.
Rattrapé par la patrouille. C’était l’une des figures du marché des cryptomonnaies, il est désormais en état d’arrestation pour fraude et escroquerie. Sam Bankman-Fried, ancien patron de la société FTX qui a explosé en vol au mois de novembre, a été inculpé de huit chefs d'accusations ce mardi par la justice américaine.
Il avait été présenté devant une cour de Nassau, la capitale des Bahamas, plus tôt dans la journée. Les Etats-Unis, qui ont porté plainte contre le businessman, devraient demander son extradition, puisqu'il a été reconnu coupable de fraude par voie électronique, blanchiment d'argent et violation des lois électorales, a annoncé le procureur fédéral de New York.
Des faits qui pourraient valoir à Sam Bankman-Fried, une peine de prison à perpétuité.
Investissements risqués
Dans le détail, Sam Bankman-Fried est accusé d’avoir joué un rôle déterminant dans le crash brutal de sa société, en faisant preuve d’une «défaillance complète» à tous les niveaux de contrôle, et notamment en dépensant sans compter l’argent de ses clients. Concrètement, lorsqu’un client investissait dans sa société, ses actifs étaient utilisés pour financer d’autres investissements, parfois sur la société elle-même ou bien d'autres dont il était également propriétaire.
Lorsque cette pratique a été mise en évidence, notamment par Changpeng Zhao, le patron de Binance, principal concurrent de FTX, tous les investisseurs se sont précipités pour revendre leurs actifs et la société n’a soudainement plus été en mesure de reverser à ses clients l’argent qu’ils y avaient déposé. Le groupe a déposé le bilan le 11 novembre dernier.
Manque de compétence et de contrôle
A première vue «l’effondrement du groupe FTX semble résulter de la concentration absolue du contrôle entre les mains d’un très petit groupe d’individus grossièrement inexpérimentés et pas très calés, qui n’ont mis en œuvre aucun des systèmes de contrôles requis pour une société à laquelle sont confiés l’argent ou les actifs d’autres personnes», a expliqué le nouveau patron de FTX, John Ray.
L’enquête a déjà démontré que les actifs déposés par les clients sur FTX étaient mélangés à ceux de la société de courtage et d’investissements dans les cryptos, Alameda, également fondée par Sam Bankman-Fried. Et Alameda a abondamment pioché dans les fonds de ses clients pour faire des paris risqués.
FTX s’est également lancée dans une «frénésie de dépenses» à partir de fin 2021 avec 5 milliards de dollars (environ 4,7 milliards d'euros) dans des entreprises et investissements «qui ne valent peut-être qu’une portion de cette somme», a expliqué John Ray. La plate-forme a par ailleurs déboursé, en prêts ou en paiements, plus d’un milliard de dollars destinés à des personnes au sein de l’entreprise.
Sam Bankman-Fried déplore des erreurs
«Je n’ai jamais essayé d’escroquer qui que ce soit», a assuré San Bankman-Fried fin novembre lors d’une conférence organisée par le New York Times. «J’ai clairement fait beaucoup d’erreurs et je donnerais tout pour pouvoir refaire certaines choses», a-t-il ajouté.
Diplômé du Massachussets Institute of Technology, fils de professeurs de droit à l’université Stanford, et souvent considéré comme le «Warren Buffet des cryptomonnaies», Sam Bankman-Fried était parvenu à légitimer son domaine de compétence auprès du grand public et de la classe politique. Il était l’un des plus gros contributeurs de l’expansion de la popularité des cryptomonnaies.
Les Bahamas vont désormais mener leur propre «enquête criminelle sur l’effondrement de FTX» et aux Etats-Unis, s’il est condamné pour fraude, «il pourrait passer le reste de sa vie en prison», estime un spécialiste des enquêtes fédérales qui a travaillé pour le gendarme boursier américain (SEC). «Il n’y aurait pas d’acte d’accusation si les procureurs n’étaient pas absolument convaincus qu’ils vont obtenir une condamnation», a-t-il conclu.