Le «gerrymandering», ou «charcutage électoral», définit la séparation des districts des bureaux de votes au sein d'un état, favorisant le parti décisionnaire du découpage. Un système qui pourrait être déterminant pour les élections de mi-mandat aux Etats-Unis.
A la veille des élections de mi-mandat, le «gerrymandering» devrait jouer son rôle. Aux Etats-Unis, chaque état décide du découpage des circonscriptions électorales. Ainsi, si l'état penche dans un camp (républicain ou démocrate), le pouvoir en place, assuré par le gouverneur, peut décider d'un redécoupage permettant une victoire de son parti lors du scrutin.
«Gerrymandering» vient de la contraction de Gerry, le nom de famille du gouverneur de l'état du Massachusetts des années 1800, Elbridge Gerry, qui avait été accusé d'avoir redécoupé la circonscription d'un comté pour assurer la victoire à son parti. Et du mot «salamandre», «salamander», l'animal qui faisait penser à la forme de la nouvelle circonscription, à l'époque.
Un découpage actuel favorisant les républicains ?
La hausse de la population américaine conduit à un ajout de districts, tous les dix ans, lors du recensement. Pour assurer sa mainmise sur le vote d'un état, plusieurs moyens sont possibles. Dans un premier temps, le parti au pouvoir va redessiner la carte des districts en fonction des électeurs.
Gerrymandering is bad: pic.twitter.com/CcCrQqy9j5
— Titus Benton for Texas State Senate (@TitusLive) November 2, 2022
Concrètement, dans un état qui comprend trois districts majoritairement démocrates et deux majoritairement républicains, ces derniers, s'ils sont au pouvoir vont alors casser les trois districts démocrates pour reconstituer trois districts avec le plus d'électeurs de leur bord. Ils deviennent alors dominants dans la circonscription et peuvent faire élire le plus grand nombre de membres à la chambre des représentants.
Le rôle de la cour suprême est lui aussi décisif dans ce «gerrymandering» puisqu'elle peut invalider le redécoupages des districts de vote d'un état, d'où l'importance pour un parti d'asseoir sa domination sur la «Supreme Court». Actuellement, six juges républicains sur neufs siègent à la cour suprême des Etats-Unis, et ont déjà annulé des redécoupages notamment dans l'état de New York, gouverné par la démocrate Kathy Hochul.
Des projections compliquées pour les démocrates
Les récentes estimations sont très en faveur du camp de Donald Trump. Si bien que, d'après une projection du média Politico, rien que pour l'état de Floride (Sud-Est du pays), la nouvelle carte dessinée par le gouverneur républicain Ron DeSantis rapporterait d'ores et déjà 20 districts sur 28 au GOP (Grand Old Party).
C'est plus qu'en 2018, le parti de Donald Trump avait alors conquis 15 sièges sur 27 pour intégrer la chambre des représentants.
La Pennsylvanie, un état témoin
Ce mardi, l'un des états parmi les plus surveillés reste la Pennsylvanie (Nord-Est des Etats-Unis), détenu depuis 2018 par les démocrates, et où les trois derniers présidents avaient choisi de tenir leur dernier meeting avant le scrutin, samedi 5 novembre.
Une victoire républicaine marquerait un vrai coup dur pour les démocrates, qui ont appelé leurs soutiens, par la voix de Barack Obama, «à ne pas se démobiliser». La «seule façon de sauver la démocratie est que nous nous battions tous ensemble pour elle», avait lancé à la foule le 44e président des Etats-Unis.