L'inflation poursuit son envol en Turquie où elle a atteint 85,5 % sur un an au mois d'octobre. Ce record n’avait pas été atteint depuis vingt-cinq ans.
Un pourcentage qui a de quoi donner le vertige. Dans la matinée du jeudi 3 novembre, l'économie turque devait composer avec un nouveau record d'inflation établi à 85,51 % en octobre sur un an contre 80,2 % en septembre.
Une hausse jamais vue depuis 1997 s'expliquant notamment par le refus de la Banque centrale turque de remonter ses taux.
La livre turque restait toutefois stable à l'annonce de ces nouveaux chiffres tant la hausse était attendue : la monnaie nationale a en effet déjà perdu plus de 28 % face au dollar depuis le 1er janvier, après avoir fondu de 44 % en 2021.
Les transports et l’alimentation particulièrement fragilisés
Selon le Tuik (le bureau officiel des statistiques), les postes les plus impactés par cette inflation très forte sont les transports, en hausse de 117 % sur les douze derniers mois, l'alimentation (+99 %) et le logement (+85 %) car ces derniers sont liés au prix de l’énergie. Cette hausse rend la vie quotidienne, particulièrement difficile pour les Turcs.
Ces chiffres officiels sont cependant contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Nage) qui affirment que la hausse des prix atteint 185 % sur l'année - dont 115 % depuis le 1er janvier.
Malgré deux fortes hausses du salaire minimum cette année (+50 % en janvier et +30 % en juillet), l'inflation est un sujet brûlant dans le pays à quelques mois de l'élection présidentielle prévue en juin 2023, à laquelle le président Recep Tayyip Erdogan sera candidat à sa succession. En Turquie, près de la moitié (48 %) des salariés perçoivent le salaire minimum, qui s'élève à 5.500 livres turques, soit moins de 300 dollars (304,70 euros).
La politique monétaire actuelle en question
La Banque centrale a de nouveau abaissé en octobre, pour le troisième mois consécutif, son principal taux directeur de 12 % à 10,5 %. À rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan affirme que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation.
Le chef de l'Etat, qui dit privilégier la croissance et les exportations à la stabilité des prix, promet régulièrement que la Turquie «surmontera» le problème de l'inflation après le nouvel an.
Plus tôt dans la semaine, Recep Tayyip Erdogan s'est d'ailleurs félicité de la bonne santé de l'économie turque : «Dieu merci, les roues de notre économie tournent. Notre modèle économique, que nous avons résumé comme étant la croissance par l'investissement, l'emploi, la production, l'exportation et l'excédent courant, porte ses fruits».