La nouvelle cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a prononcé ce mardi son discours de politique générale. L'occasion pour la dirigeante d'extrême-droite de clarifier sa position sur l'Europe, l'immigration ou encore le fascisme. Voici ce qu'il faut en retenir.
Une feuille de route déclinée. La nouvelle présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, a prononcé, ce mardi 25 octobre, son très attendu discours de politique générale.
Un mois jour pour jour après la victoire historique de son parti Fratelli d'Italia autour d'une coalition des droites, seule à même de pouvoir remporter les élections législatives, elle a, au cours de sa prise de parole, notamment insisté sur l'ancrage de l'Italie au coeur de l'Union européenne et de l'Otan, tout en prenant de nouveau ses distances avec le fascisme.
aucune «proximité» avec le fascisme
Victorieuse des élections législatives avec son parti Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni est en effet pointée du doigt pour sa proximité avec le mouvement fasciste qui a porté le dictateur Benito Mussolini au pouvoir dans les années 1920.
Dans sa jeunesse, la nouvelle cheffe de gouvernement militait pour l'Alliance nationale, un parti créé en 1995 par Gianfranco Fini sur les décombres du parti postfasciste Mouvement social italien (MSI).
«Je n'ai jamais eu de sympathie ou de proximité vis-à-vis des régimes antidémocratiques. Pour aucun régime, fascisme compris», a pourtant tenu à rassurer Giorgia Meloni ce mardi, au cours d'un discours prononcé à quelques jours seulement du centième anniversaire de la Marche sur Rome de Benito Mussolini.
soutien à l'ukraine, dans le cadre de l'otan
La première femme cheffe de gouvernement de l'Histoire de l'Italie a aussi promis que son pays resterait «un partenaire fiable de l'Otan en soutien à l'Ukraine qui s'oppose à l'agression de la Russie».
Ces déclarations visent à rassurer les Etats de l'alliance alors que Giorgia Meloni compte dans sa coalition des partenaires aux tendances prorusses : le chef de Ligue Matteo Salvini et le leader de Forza Italia Silvio Berlusconi, récemment au cœur d'une polémique liée à sa proximité avec Vladimir Poutine.
«Céder au chantage de Poutine sur l'énergie ne résoudrait pas le problème, cela l'aggraverait ouvrant la voie à de nouvelles prétentions et chantages et de futures augmentations (du prix) de l'énergie encore plus importantes que celles que nous avons connues ces derniers mois», a appuyé Giorgia Meloni.
respect des «règles» de l'UE
L'Italie fait «pleinement partie de l'Europe et du monde occidental», a affirmé mardi Giorgia Meloni. En ce qui concerne l'Union européenne, elle a expliqué que l'approche italienne n'était pas de «freiner et saboter l'intégration européenne» mais de faire mieux fonctionner la machine communautaire.
«L'Italie va respecter les règles» européennes, a également assuré Giorgia Meloni, connue pour son euroscepticisme. Mais Rome veut aussi «contribuer à changer celles (les règles) qui ne fonctionnent pas».
L'UE est «une maison commune pour affronter les défis que les Etats membres peuvent difficilement affronter seuls», a-t-elle ajouté, jugeant que l'UE n'a pas fait assez dans ce domaine dans le passé.
Soutien aux ménages, une «priorité»
Alors que l'inflation fait rage en Italie (+8,9 % sur un an en septembre) et que le pays affronte une crise énergétique en raison de sa dépendance au gaz russe, la nouvelle présidente du conseil s'est engagée en «priorité» à «renforcer les mesures de soutien aux ménages et entreprises, aussi bien pour les factures énergétiques que pour le carburant». «Un engagement financier qui drainera une grande partie des ressources disponibles», a-t-elle reconnu.
Paradoxalement, alors que son parti avait campé dans une opposition frontale au gouvernement de Mario Draghi, son programme économique s'inscrit dans la continuité de celui de l'ex-chef de la Banque centrale européenne (BCE).
Elle a en effet confié le portefeuille crucial de l'Economie à un ex-ministre de Mario Draghi, Giancarlo Giorgetti, représentant de l'aile modérée de la Ligue.
Une stratégie très intéressée pour garantir le versement de la manne de près de 200 milliards d'euros de subventions et de prêts accordés par l'Union européenne dans le cadre de son fonds de relance post-pandémie. Ces sommes sont indispensables pour l'Italie dont la dette atteint 150% du PIB - le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce - et dont l'économie devrait entrer en récession en 2023.
«mettre un terme à la traite d'êtres humains» en Méditerranée
Sur l'immigration clandestine, Giorgia Meloni a affirmé la volonté de son gouvernement d'«arrêter les départs illégaux (d'Afrique, NDLR) et de mettre un terme à la traite d'êtres humains» en Méditerranée.
«La meilleure solution à ce problème est d'empêcher le départ et non l'arrivée. Bloquer le départ est plus efficace», avait expliqué Giorgia Meloni avant d'arriver au pouvoir, allant jusqu'à proposer la mise en place d'un «blocus naval».