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Manifestations, actions violentes, exil... Comment les Russes réagissent à la mobilisation

Un manifestant arrêté par la police à Moscou, le 24 septembre. [AP]

La «mobilisation partielle» décrétée par Vladimir Poutine le 21 septembre rencontre une forte opposition auprès de nombreux Russes. Si l'ampleur réelle du phénomène est difficile à évaluer, les images de protestations se multiplient sur les réseaux sociaux.

Vladimir Poutine est-il en train de retourner l'opinion publique russe contre lui ? La mobilisation partielle, ordonnée le 21 septembre pour soutenir l'offensive russe en Ukraine, semble susciter davantage de rejet que d'enthousiasme au sein de la population.

Depuis plusieurs jours, les manifestations se multiplient à travers le pays, moins pour dire «non à la guerre» que pour protester contre l'utilisation des hommes russes comme de la «chair à canon».

Ces manifestations sont rapidement dispersées par la police, qui procède à des arrestations musclées très reprises sur les réseaux sociaux. Selon l'ONG russe OVD-Info, plus de 2.300 personnes ont déjà été interpellées depuis le 21 septembre.

les régions pauvres en ligne de mire

La mobilisation décrétée par Vladimir Poutine choque d'autant plus qu'elle s'applique dans des régions reculées, pauvres et peuplées d'immigrés centre-asiatiques. Au Daghestan, l'une des régions les plus pauvres du pays, une centaine de personnes ont été interpellées dimanche lors d'une manifestation contre la mobilisation militaire. Des journalistes ont publié des vidéos montrant des femmes se disputant avec des policiers : «Pourquoi prenez-vous nos enfants ?», demande l'une d'entre elles.

Région multi-éthnique à majorité musulmane, la république du Daguestan a déjà payé un lourd tribut depuis le déclenchement le 24 février de l'«opération militaire spéciale» en Ukraine.

Un même vent de protestation souffle en Bouriatie, une région de Sibérie peuplée par une minorité mongole, ou en Iakoutie, dans le cercle Arctique. «Ils sont même allés chercher des éleveurs de rennes en hélicoptère pour les enrôler», rapporte une source d'un journaliste français basé à Moscou.

Les minorités, qui ont moins les moyens de se défendre, semblent être particulièrement visées par les recruteurs de l'armée russe. C'est d'ailleurs pour pousser les étrangers à combattre qu'une récente loi a facilité l'accès à la nationalité russe pour ceux qui s'engagent dans l'armée.

Tensions et violences dans les centres de mobilisation

Dans les centres accueillant les nouvelles recrues, la tension est palpable. Un homme a ouvert le feu lundi dans le centre de recrutement de l'armée russe d'Oust-Ilimsk en Sibérie, blessant grièvement un militaire qui y travaillait. Dans la région de Volgograd, c'est un bureau de recrutement qui a été incendié.

Ces incidents, s'ils demeurent isolés, commencent à se répéter en Russie moins d'une semaine après le début de la mobilisation. Souvent filmés et relayés sur les réseaux sociaux, ils permettent au mouvement de protestation de prendre de l'ampleur.

Des Russes quittent le pays

Pour éviter la guerre, de nombreux Russes concernés par la mobilisation cherchent par tous les moyens à quitter le pays. Les vols à destination de la Turquie, en particulier, sont pris d'assaut.

Selon le journal russe Novaïa Gazeta, en exil depuis son interdiction en Russie, 261.000 hommes ont quitté le pays depuis le 21 septembre.

Pour stopper l'hémorragie, Moscou a durci les peines contre les déserteurs, désormais passibles de 10 ans de prison. Certains responsables politiques russes proposent également de fermer les frontières aux hommes pouvant être mobilisés, entre 18 et 55 ans. Un sujet sur lequel le Kremlin indique ne pas avoir «pris de décision».

Si le Kremlin a reconnu «des erreurs» dans l'application de la mobilisation, tout porte à croire que l'étau va continuer à se resserrer autour de la population russe.

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