Dénonçant la politique menée par le gouvernement de Viktor Orban, le Parlement européen a adopté ce jeudi 15 septembre un rapport qui proclame le délitement de la démocratie hongroise.
Pour la majorité des députés européens, la Hongrie ne peut plus être considérée comme une démocratie. Ce jeudi 15 septembre, ils ont largement adopté un rapport désignant le gouvernement de Viktor Orban, Premier ministre hongrois, comme un «régime hybride d'autocratie électorale». Budapest est accusé de porter atteinte à l'Etat de droit de multiples manières.
Au pouvoir depuis 2010, Viktor Orban, 59 ans, est au coeur des inquiétudes européennes. Nationaliste et ultra-conservateur, il revendique l'exercice d'une «démocratie illibérale» et entretient des liens de coopération avec la Russie de Vladimir Poutine.
«Nous savons que c'est la famille même d'Orban qui récupère les fonds européens», a souligné Gwendoline Delbos-Corfield, l'eurodéputée écologiste française chargée de présenter ce rapport.
Enumérant les griefs des Etats membres à l'égard de la Hongrie, elle a cité l'indépendance entravée de la justice, «les restrictions des droits parlementaires», l'espionnage des journalistes, la mainmise gouvernementale sur les universités, la «loi infâmante» contre les personnes LGBT+ «qui ressemble aux lois poutiniennes», ou encore le durcissement des conditions d'avortement.
Adopté avec 433 voix pour (123 contre et 28 abstentions), ce texte consacrant le délitement de la démocratie hongroise dresse, selon l'élue Fabienne Keller (Renew Europe), un «triste constat» : «Si la Hongrie était candidate aujourd'hui pour rentrer dans l'UE, ce ne serait pas possible, elle ne remplirait plus les critères d'adhésion».
Des préoccupations concernant la corruption
En 2018, le Parlement européen avait déjà déclenché une procédure à l'encontre de la Hongrie pour «risque de violation grave des valeurs européennes». Préocuppée par la corruption et les conditions de passation de marchés publics dans ce pays, la Commission européenne avait en outre installé, depuis avril dernier, un mécanisme inédit liant le versement de fonds au respect de l'Etat de droit.
Concrètement, la Hongrie est contrainte de donner des gages à Bruxelles sur la lutte anticorruption afin d'échapper à une suspension des financements européens. Voilà pourquoi Budapest a présenté une série de mesures en guise d'apaisement, parmi lesquelles la mise en place d'une «autorité indépendante» de lutte contre la corruption.
La situation est délicate pour le pays de Viktor Orban, qui risque d'être privé de milliards d'euros de financements européens. En raison de ce contexte défavorable, le pays est également le seul membre de l'UE dont le plan de relance post-Covid (5,8 milliards d'euros) n'a toujours pas reçu le feu vert de la Commission.
Ces derniers jours, la ministre hongroise de la Justice, Judit Varga, a entamé une tournée des capitales européennes, à la rencontre de ses homologues et des commissaires européens. Elle tente de les convaincre de ne pas sanctionner financièrement son pays, déjà en difficulté en raison d'une inflation galopante et de la chute de la monnaie nationale, le forint.
D'après des sources européennes, Bruxelles entend néanmoins proposer ce dimanche aux Etats membres de suspendre la majorité des fonds versés à la Hongrie au titre de la politique de cohésion. Le pays pourrait toutefois encore échapper à la sanction s'il met correctement en oeuvre les réformes annoncées en matière de lutte anticorruption. Les Etats membres auraient jusqu'à trois mois pour se prononcer.