Avec la campagne «People over Prime», 70 utilisateurs du réseau social TikTok ont lancé une pétition pour faire pression sur Amazon aux Etats-Unis. L'objectif étant de pousser le géant du e-commerce à appliquer les exigences du syndicat Amazon Labor Union, concernant les conditions de travail des employés du groupe.
Et si TikTok parvenait à faire plier Amazon ? C’est le pari de 70 influenceurs, réunis derrière le collectif «Gen-Z for Change», opposés à l’Amazon Influencer Program, le programme d’Amazon dédié aux influenceurs.
Dans une lettre adressée à l’entreprise, ils ont précisé «empêcher Amazon de monétiser l’un des plus grands réseaux sociaux au monde», «jusqu’à ce que des changements aient lieu».
Leurs objectifs : l’application d’un salaire horaire minimum de trente dollars, une révision à la hausse du congé maladie et la fin des actions anti-syndicales.
Boycott du programme de sponsoring d’Amazon
«Les créateurs, en particulier les créateurs TikTok, sont une passerelle vers les jeunes», a expliqué à l’AFP Elise Joshi, directrice de la stratégie de Gen-Z for Change. «Amazon sait à quel point les créateurs sont puissants, et nous nous réapproprions ce pouvoir.»
An @amazon spokesperson responded with a comment about #PeopleOverPrime, but neglected to mention anything about increased wages or benefits. They say they give their employees the resources they need, but their employees say otherwise...
We must #MakeAmazonPay. Literally. pic.twitter.com/QZTiw9m8d0— Gen-Z for Change (@genzforchange) August 18, 2022
A seulement 20 ans, Elise Joshi est elle-même suivie par trois millions de personnes sur la plate-forme. Et décrit les créateurs de contenu comme «essentiels» au modèle marketing d’Amazon.
Alors boycotter l’Amazon Influencer Program, une plate-forme qui permet aux influenceurs de gagner de l’argent en recommandant à leurs abonnés des produits Amazon, pourrait représenter un véritable coup de massue dans la stratégie marketing du géant du e-commerce.
Le bien-être des employés, «la priorité» d’Amazon
Deuxième employeur aux Etats-Unis derrière la chaîne d’hypermarchés Walmart, le groupe fondé par Jeff Bezos s’oppose farouchement, depuis sa création en 1994, aux tentatives de syndicalisation dans le pays. Et avait ainsi fait pression sur le syndicat Amazon Labor Union.
«La santé, la sécurité et le bien-être de nos employés sont notre priorité numéro un», a par ailleurs argué Paul Flanigan, un porte-parole d’Amazon, dans un communiqué publié en réponse à la campagne des influenceurs TikTok.
«Nous avons investi des milliards de dollars pour de nouvelles mesures de sécurité, des technologies et d’autres solutions innovantes destinées à protéger nos employés. Nous nous engageons à leur offrir les ressources dont ils ont besoin pour réussir en créant du temps pour des pauses régulières et un rythme de travail confortable.»
«Réponse standard d’une grande entreprise»
Ces arguments sont une «réponse standard d’une grande entreprise refusant de reconnaître des allégations légitimes sur des abus au travail et des manœuvres anti-syndicales», a quant à elle clamé Elise Joshi. «Leur réponse montre à quel point ils sont réticents à écouter leurs salariés.»
Connor Hesse, membre de Gen-Z for Change aux 2,3 millions d’abonnés sur TikTok, a de son côté ajouté : «c’est une opportunité formidable d’aider les salariés d’Amazon et de faire résonner leur voix».
Le collectif n’en est pas à son coup d’essai. Le groupe d’activistes a précédemment pu mener des actions pour dénoncer l’anti-syndicalisme de la chaîne de cafés Starbucks, ou du groupe de grande distribution Kroger. Et ne compte, visiblement, pas s’arrêter là.