Le président de la République Emmanuel Macron s’est rendu ce jeudi 25 août en Algérie, dans le cadre d’une visite officielle de trois jours, destinée à refonder une relation marquée par le poids du passé. Au cours de ce déplacement, le chef de l’État a pris la parole aux côtés de son homologue algérien Abdelmajid Tebboune.
Un discours qui se déroule dans un contexte de fortes tensions diplomatiques. Ce jeudi en fin d’après-midi, Emmanuel Macron a atterri à Alger où il a été accueilli par le président algérien Abdelmajid Tebboune.
Alors que la France et l’Algérie tentent de relancer des partenariats économiques au point mort, cette visite officielle et «amicale» de trois jours a pour but de tourner la page des brouilles et à «refonder» une relation marquée par le poids du passé.
Si, du côté algérien, cette visite marque la volonté «d’impulser une vision nouvelle basée sur un traitement d’égal à égal et l’équilibre des intérêts», celle-ci coïncide également avec le 60e anniversaire de la fin de la guerre et la proclamation de l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Après une cérémonie d’hommage aux Martyrs et un entretien en tête-à-tête, le président français et son homologue algérien ont pris la parole.
Au cours de son discours Emmanuel Macron a exprimé, dans un premier temps, ses condoléances aux victimes des récents incendies qui ont ravagé l’Algérie. Puis, le président de la République est revenu sur le «passé complexe et douloureux» qui a parfois pu «empêcher l’avenir».
«Le passé, nous ne l’avons pas choisi. Nous en héritons, c’est un bloc, il faut le reconnaître. Nous avons une responsabilité. C’est de construire notre avenir pour nous-même et nos jeunesses», a dit Emmanuel Macron.
«Pour moi, c’est l’un des objectifs officiels de ce voyage, de ces échanges et de ce que je souhaite, c'est-à-dire, que nous puissions conduire ensemble de projets, pas simplement ces jours-ci, mais également pour les années qui viennent», a-t-il ajouté.
«Nous vivons un moment unique»
Pour le chef de l’État, cela passe par «regarder ensemble les défis et tout faire pour apporter ensemble les réponses afin que nous aidions la jeunesse française et algérienne à réussir».
«Nous vivons un moment unique qui va nous permettre de regarder le passé avec humilité, une volonté de vérité, de mémoire et d'histoire (…) afin de faire que celui-ci soit un «commun» et pas quelque chose qui nous empêche», a dit Emmanuel Macron.
Le président de la République a également annoncé la création d’une commission d’historiens mixtes, français et algériens, pour consulter les archives de la colonisation et la guerre.
«Nous avons décidé ensemble» de créer «une commission mixte d'historiens» pour «regarder l'ensemble de cette période historique», «du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté (...) d'accès complet à nos archives», a-t-il déclaré .
Plusieurs coopérations en vue
Au total, ce sont 48 nouveaux partenariats qui verront le jour.
«Sur la question de la mobilité de circulation, nous avons pris des décisions (…) Nous allons travailler pour pouvoir traiter les sujets plus sensibles de sécurité mais qui ne doivent pas empêcher de développer des plans de mobilités choisis pour nos artistes, nos sportifs, nos entrepreneurs, nos universitaires, nos scientifiques, nos responsables politiques d’une rive à l’autre de la Méditerranée, de bâtir davantage de projets communs», a annoncé Emmanuel Macron.
Parmi ces projets «communs», le chef de l’État a évoqué plusieurs pistes dont l'économie, l'innovation, la recherche, la culture le sport «entre nos jeunesses, nos talents, y compris quand ceux-ci sont partagés».
«Plusieurs éléments seront au cœur de nos travaux», a martelé Emmanuel Macron. D’abord, il s’agit de «clarifier et simplifier notre cadre de mobilité l’un et l’autre», «nous avons dessiner des lignes claires».
Le numérique et le cinéma
Ces travaux concernent l’industrie, la recherche, les hydrocarbures et les métaux rares. Emmanuel Macron a aussi estimé qu’il faut pouvoir «avancer sur des sujets d’innovation que nos jeunesses aspirent à défricher sur lesquels nous souhaitons aller plus vite et plus fort».
«Le premier sera le numérique. Le deuxième sera la création cinématographique», a-t-il expliqué.
«Je souhaite que nous développons ensemble un projet de création d’un incubateur de startup, agréger les soutiens des secteurs privés (…) et, pour notre écosystème entrepreneurial franco-algérien si prometteur, développer des passerelles». Celles-ci permettront d’avoir des formations, de les développer et de faciliter les échanges et les créations communes entre la France et l’Algérie.
Concernant le cinéma, Emmanuel Macron envisage de lancer des studios et de nouveaux lieux de création cinématographique contemporaine.
«Nous envisageons d’aider l’Algérie à développer des programmes de création cinématographique et de développement de studios mais aussi de formations dans l’ensemble de ces métiers».
Un fond spécifique de soutien de 100 millions d'euros
Le chef de l'État a annoncé la création d'un fond spécifique de soutien de 100 millions d'euros et souhaite bâtir des initiatives communes sur le plan scientifique et diplomatique.
«Je souhaite que ce fond puisse accompagner nos diasporas et nos binationaux sur les projets qui auront à conduire dans ce secteur», a dit Emmanuel Macron.
Sur l'environnement, le chef de l'État a indiqué la signature d'une coopération sur les défis du Covid-19 et le climat. Celle-ci aura lieu samedi.
«Ce partenariat doit nous permettre de bâtir, sur le plan scientifique et diplomatique, des initiatives communes pour œuvrer à un agenda pour lutter contre le dérèglement climatique et pour la biodiversité parce que nous avons ce trésor que l’on partage et qui est la mer Méditerranée», a ajouté le président de la République.
Toutefois, à l’heure actuelle, le défis concernant le Sahel et le Mali restent les deux premières priorités des deux pays.