Après avoir déjà évolué sous la parité avec le dollar cet été, l’euro a atteint ce mardi 23 août un nouveau plus bas datant de près de 20 ans à 0,9901 dollar. Cette dépression de la monnaie a des effets néfastes sur l’économie européenne, que ce soit pour ses importations ou pour le tourisme hors du continent.
Quelles sont les raisons de cette dépréciation ?
A l’inverse de la Banque Centrale Européenne (BCE), la banque centrale des Etats-Unis (Fed) a engagé une politique de resserrement des taux pour lutter contre l’inflation il y a plusieurs mois. La hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis a permis de rendre plus rémunératrice la détention de dollars et d’attirer les investisseurs.
La BCE a tenté d’imiter son homologue américain en augmentant les taux d’intérêt mais elle a dû se limiter sous peine de plonger certains Etats dans une crise économique. «La BCE marche sur des œufs. Elle ne peut pas se lâcher complètement en augmentant les taux car elle a peur de provoquer une crise de la dette souveraine dans les pays les plus endettés de la zone euro», a expliqué Eric Dor, le directeur des Etudes Economiques de l'IESEG School of Management.
Un impact fort sur le pouvoir d'achat des ménages européens
Environ 50% des produits importés dans la zone euro sont facturés en dollars contre moins de 40% en euros, d’après l’office européen des statistiques. Ces chiffres concernent l’approvisionnement en matières premières, à savoir le gaz et le pétrole, deux sources énergétiques dont les prix ont déjà bondi ces derniers mois avec la guerre en Ukraine.
Par conséquent, il faut désormais dépenser plus pour importer un produit en dollars, ce qui a des effets néfastes sur le coût final du produit, le pouvoir d’achat des Européens et sur l’inflation au sein de l’UE.
Cette dépréciation a également des effets sur le tourisme pour les Européens aux Etats-Unis avec une facture plus élevée qu’auparavant pour un voyage similaire, alors que les touristes américains peuvent actuellement plus dépenser durant leur séjour en Europe.
Des conséquences directes pour les entreprises
Outre les ménages, la dépréciation de l’euro par rapport au dollar a des effets négatifs sur les entreprises européennes, notamment celles dépendantes de l’énergie et du commerce extérieur.
«Les entreprises qui exportent hors de la zone euro bénéficient de la dépréciation de l'euro car leurs prix sont plus compétitifs (une fois convertis en dollars), tandis que les entreprises qui importent se retrouvent pénalisées», a décrypté Philippe Mutricy, le directeur des études de la banque publique Bpifrance, auprès de l’AFP.
A l’inverse, les entreprises qui dépendent des matières premières et de l’énergie, tout en exportant peu, ont vu leurs coûts exploser. Seuls les secteurs de l’aéronautique, de l’automobile, du luxe et de la chimie, reposant sur une industrie manufacturière exportant ses produits à l’étranger, ont gagné au change avec cette dépréciation de l’euro.
L’ultime effet de cette dépréciation de l’euro par rapport au dollar est positif concernant les exportations des biens et des services européens vers l’étranger. Cela devrait avoir un effet sur la croissance de la hausse des prix des matières premières, notamment dans les pays tournés vers l’exportation comme l’Allemagne.