Le jugement de l'ex-dirigeante birmane renversée par la junte, Aung San Suu Kyi, se poursuit, avec une nouvelle peine pour corruption ce lundi.
Les condamnations s'enchaînent pour l'ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi. Déjà condamnée à onze ans de prison, la prix Nobel de la paix a subi lundi une peine supplémentaire de six ans de détention pour corruption. Une sanction qualifiée d'«affront à la justice et à l'état de droit» par un porte-parole du Département d'Etat américain.
Inculpée d'une multitude d'infractions par la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat de février 2021, Aung San Suu Kyi risque des décennies de prison à l'issue de son procès fleuve.
Ce dernier a commencé il y a plus d'un an, après l'arrestation de l'ex-dirigeante, qui a mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie. Le procès se tient dans l'enceinte de la prison de Naypydaw, où Aung San Suu Kyi a été placée à l'isolement. Ses avocats ont interdiction de parler à la presse et aux organisations internationales.
2.100 civils tués, 15.000 arrêtés
En apparente bonne santé, l'ex-dirigeante birmane, âgée de 77 ans, n'a pas fait de commentaire après la lecture du jugement ce lundi, d'après une source proche du dossier. Quatre chefs d'accusation pour corruption ont été retenus contre elle, s'ajoutant à la longue liste d'infractions qui lui sont reprochées par la junte, parmi lesquelles la violation d'une loi sur les secrets d'Etat datant de l'époque coloniale, la fraude électorale ou encore la sédition.
La procédure engagée contre Aung San Suu Kyi est dénoncée par de nombreux observateurs. Ils estiment qu'elle n'est motivée que par des considérations politiques et vise à exclure définitivement l'ex-dirigeante de l'arène politique birmane. Plusieurs proches de la prix Nobel de la paix 1991 ont d'ailleurs été condamnés à de lourdes peines. Un ancien député de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a même été exécuté en juillet.
Fille du héros de l'indépendance et grande gagnante des élections de 2015 et de 2020, Aung San Suu Kyi avait déjà passé près de quinze ans en résidence surveillée sous les précédentes dictatures militaires. En février 2021, l'armée lui a ravi le pouvoir par la force, avançant de prétendues fraudes aux élections de l'années précédentes. Un scrutin que le LND avait remporté de façon écrasante.
Depuis ce coup d'Etat, le pays a plongé dans le chaos. Selon une ONG locale, près de 2.100 civils ont été tués par les forces de sécurité et 15.000 ont été arrêtés. La junte a promis de nouvelles élections pour l'année 2023.