L'écrivain Salman Rushdie, menacé de mort depuis la fin des années 1980, a été poignardé ce vendredi 12 août, dans l'État de New York. Ce dimanche son agent a affirmé qu’il était désormais sur «la voie du rétablissement» et sa famille a rassuré sur son état de santé.
La famille de Salman Rushdie a déclaré ce dimanche qu’elle était «extrêmement soulagée» que l'écrivain britannique ne soit plus sous assistance respiratoire et a assuré que son sens de l'humour restait «intact» malgré la gravité de ses blessures.
«Mon père est toujours dans un état critique à l'hôpital et reçoit un traitement intensif et continu», a indiqué son fils Zafar Rushdie, dans un tweet présenté comme posté au nom de la famille.
«Nous sommes extrêmement soulagés qu'hier (samedi), il ait été débranché du respirateur et de l'apport en oxygène et qu'il ait pu dire quelques mots», a-t-il ajouté.
Son «sens de l'humour vif et provocateur reste intact»
«Bien que ses blessures soient graves et de nature à changer sa vie, son habituel sens de l'humour vif et provocateur reste intact», a poursuivi Zafar Rushdie, qui dirige une agence de relations publiques basée à Londres.
Il a remercié les membres du public qui sont venus défendre l'auteur lors de l'attaque, ainsi que les agents de police et soignants qui lui ont porté assistance.
D’abord inquiétant, l’état de santé de Salman Rushdie suscitait plus d’optimisme ce dimanche après les déclarations ce dimanche de son agent, Andrew Wylie. Vendredi, l’auteur britannique avait été poignardé une dizaine de fois par un jeune Américain d'origine libanaise, en marge d'une conférence dans le nord des Etats-Unis.
Ce dimanche, il n'est plus sous assistance respiratoire et «la voie du rétablissement a commencé», a indiqué Andrew Wylie dans un communiqué transmis notamment au Washington Post.
«Les blessures sont graves, mais son état évolue dans la bonne direction», a ajouté l'agent de l'auteur des «Versets sataniques» poignardé vendredi au centre culturel de Chautauqua (État de New York) au cou et à l'abdomen.
La réaction de Boris Johnson
Une brève vidéo des faits a été publiée sur Twitter par des témoins présents dans l'amphithéâtre. On peut voir plusieurs personnes accourir sur l'estrade afin de porter secours à quelqu'un que l'on aperçoit, allongé sur le sol. La salle a alors été évacuée.
Author #SalmanRushdie has been attacked as he was about to give a lecture in western #NewYork.
A man storm the stage at the Chautauqua Institution and begin punching or stabbing Rushdie as he was being introduced. pic.twitter.com/970Etpl3fL— Chaudhary Parvez (@ChaudharyParvez) August 12, 2022
Son agresseur a été immédiatement arrêté et placé en détention.
Lors d'un point presse, la gouverneure démocrate Kathy Hochul avait seulement indiqué que l'auteur britannique était «vivant». Elle avait salué «quelqu'un qui a passé des décennies à dire la vérité aux puissants (...) qui s'est exposé sans crainte en dépit des menaces qui l'ont poursuivi toute sa vie d'adulte».
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a aussi réagi. Faisant allusion à la liberté d'expression, il s'est dit «attéré que Sir Salman Rushdie ait été poignardé alors qu'il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de défendre»
Contraint de vivre dans la clandestinité
Né à Bombay (Inde), en 1947, Salman Rushdie est notamment connu pour son livre, «Les versets sataniques», interdit en Iran depuis 1988 car considéré comme blasphématoire. Sa publication a fait de l'auteur la cible d'une fatwa de l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny, qui a demandé son assassinat en 1989.
Après cela, le Britannique a été contraint de vivre dans la clandestinité et sous protection policière durant plusieurs années. A partir de 1993, Salman Rushdie s'est toutefois dit fatigué d'être «un homme invisible» et a multiplié les voyages et les apparitions publiques, tout en restant sous la surveillance du gouvernement britannique.
Aujourd'hui installé aux Etats-Unis, l'auteur avait repris, jusqu'à l'attaque d'aujourd'hui, une vie à peu près normale. La fatwa qui le vise n'a toutefois pas été levée et plusieurs traducteurs des «Versets sataniques» ont d'ailleurs été blessés par des attaques, voire tués.