En août 2022, l’écrivain Salman Rushdie a failli perdre la vie après avoir été poignardé à plusieurs reprises lors d’une conférence littéraire à New York. Près de deux ans après, il publie «Le Couteau», le récit de cette journée où il a été attaqué pour sa plume. Qui est cet écrivain, menacé de mort depuis 1989 ?
L'écrivain britannique d'origine indienne Salman Rushdie a été victime d'une attaque au couteau, en pleine conférence, dans l'Etat de New York, le 12 août 2022. Ce mardi aux Etats-Unis, près de deux ans après l'attaque, il publie «Le Couteau», le récit du jour où il a été attaqué et perdu un oeil pour sa plume. Son livre paraîtra en France jeudi aux éditions Gallilmard. Portrait de ce libre penseur qui se veut écrivain, et non pas symbole.
il PART A 13 ANS SUIVRE SES ETUDES EN ANGLETERRE
Salman Rushdie, dont la langue maternelle est l'ourdou, est né le 19 juin 1947 en Inde, à Bombay (ou Mumbai) au sein d'une famille d'intellectuels musulmans non pratiquants, riche, progressiste et cultivée. Il dévore les épopées indiennes et participe aux fêtes tant hindoues que musulmanes et chrétiennes. A 13 ans, il part suivre ses études en Angleterre. Après être passé par l'université de Cambridge, il travaille au Pakistan, comme producteur à la télévision.
En butte à une censure permanente, il revient à Londres, gagnant sa vie dans la publicité. Son premier roman célèbre s'intitule «Les enfants de minuit», qui obtient le Booker Prize en 1981. Suivent «La honte» (prix 1985 du meilleur livre étranger en France), «Le dernier sourire du Maure», «La terre sous les pieds», «Shalimar le clown» ou «L'enchanteresse de Florence».
Des fictions où cet amateur d'odyssées fantastiques parle souvent de l'Inde et de ses relations avec l'Occident, et dénonce le manque de repères qui, selon lui, déstabilise le monde depuis des années.
Ancien président du PEN American Center, grand lecteur de l'écrivain allemand Günter Grass et du russe Mikhaïl Boulgakov, Salman Rushdie a été quatre fois marié et divorcé. Son dernier divorce remonte à 2007, avec l'actrice et mannequin d'origine indienne Padma Lakshmi.
Menacé de mort depuis plusieurs années
Depuis plusieurs années, il était menacé de mort à cause de son ouvrage «Les versets sataniques», jugé blasphématoire contre l'islam et qui avait fait de lui la cible d'une fatwa (consultation juridique donnée par une autorité religieuse à propos d'un cas douteux ou d'une question nouvelle) de l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny en 1989, demandant son assassinat.
Une fatwa qui l'avait d'ailleurs obligé pendant de nombreuses années à vivre caché, sous un nom d'emprut et sous protection policière : «Pendant un petit moment, j'ai eu un pseudonyme, mais je ne l'ai jamais utilisé dans ma propre vie ou pour mon propre travail. C'était une chose qui me permettait de faire des chèques, de louer des appartements», avait-il rappelé lors d'un court séjour à Paris à l'occasion de la parution de son roman «La Maison Golden».
Dans le viseur d'Al-Qaida
Malgré une polémique passée, et un gouvernement iranien résigné à l'idée de faire appliquer le décret de l'ayatollah Khomeiny, l'anoblissement fait par la reine Elizabeth II en 2007 avait mis de nouveau le sujet sur la table, faisant dire à un religieux iranien que la fatwa était toujours valable.
En effet, cette décoration accordée à l'écrivain d'origine indienne avait déclenché la fureur des extrémistes musulmans, notamment au Pakistan où de nombreux étudiants s'étaient rendus dans les rues pour hurler et brandir des pancartes «A mort Rushdie, à mort la Grande-Bretagne».
En 2013, l'organisation terroriste islamique, Al-Quaida avait également publié son nom dans Inspire, un magazine de recrutement, proposant une prime de près de 3,3 millions de dollars pour l'obtention de sa tête.
Installé à New York, il avait essayé de reprendre une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l'irrévérence.