L’Organisation des Nations unies a récolté de nombreuses preuves de crimes contre l’humanité en Birmanie depuis la prise de pouvoir des militaires en février 2021.
Les femmes et les enfants sont les premières victimes. De nombreux crimes contre l’humanité ont été commis en Birmanie, depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire début 2021, selon un rapport du Mécanisme onusien d’enquête indépendant pour la Birmanie, système créé par le Conseil des droits de l’Homme en 2018, qui a pour but d’enquêter sur les crimes les plus graves.
«De nombreux éléments indiquent que depuis la prise du pouvoir par les militaires en février 2021, des crimes ont été commis en Birmanie à une échelle et d'une manière qui constituent une attaque généralisée et systématique contre une population civile», a affirmé cet organisme dans un communiqué, en soulignant les «graves répercussions sur les femmes et les enfants».
Les experts du Mécanisme onusien pour la Birmanie ont indiqué avoir reçu, depuis trois ans, plus de trois millions d’informations concernant des crimes, n'ayant pas été autorisés à se rendre sur place. «Les informations disponibles indiquent que des crimes sexuels et sexistes, notamment des viols et d'autres formes de violence sexuelle, ainsi que des crimes contre les enfants ont été perpétrés par des membres des forces de sécurité et des groupes armés», a détaillé l’ONU.
«Les crimes contre les femmes et les enfants font partie des crimes internationaux les plus graves, mais ils sont aussi historiquement peu signalés et font l'objet d'enquêtes insuffisantes», a déclaré dans un communiqué Nicholas Koumjian, à la tête du mécanisme d'enquête.
La situation des Rohingyas toujours préoccupante
Des enfants auraient notamment été enlevés, torturés, enrôlés dans des groupes armés et détenus arbitrairement. Les Nations unies ont également dénoncé les récentes exécutions de quatre prisonniers de la junte au mois de juillet, dont deux figures du mouvement pro-démocratie.
Ce rapport pointe également du doigt la situation toujours critique des Rohingyas, qui ont été déportés ou déplacés de force il y a bientôt cinq ans et placés dans des camps de réfugiés au Bangladesh. «Les Rohingyas expriment constamment leur désir de pouvoir revenir de façon sûre et digne en Birmanie, mais cela sera très difficile si les responsables des atrocités commises à leur encontre ne rendent pas des comptes», a souligné M. Koumjian.
L’ONU estime qu’environ 850.000 membres de cette communauté musulmane se trouvent dans des camps au Bangladesh, et environ 600.000 en Birmanie. Les Etats-Unis ont par ailleurs reconnu en mars dernier que cette communauté a été victime d'un «génocide» perpétré par l'armée birmane.