Gourmandes en gaz pour le maltage de leurs bières, les brasseries allemandes se sont inquiétées ce lundi 1er août de la crise énergétique touchant l’Europe après les restrictions d’exportations du gaz russe. A terme, les professionnels redoutent une augmentation des prix et une pénurie de bières.
«L'industrie de la bière continue de travailler en mode de crise». Cette phrase, prononcée ce week-end par Holger Eichele, le président de la fédération allemande des brasseurs, traduit un réel danger pour le secteur en raison de la pandémie de Covid-19, puis de la guerre en Ukraine, qui a entraîné une hausse du coût des matières premières et du gaz.
En effet, l’industrie alimentaire est la seconde du pays, derrière l’industrie chimique, à utiliser le plus de gaz pour sa production, notamment pour le maltage, la première étape de création de la bière. Or, il est aujourd'hui «impossible» de remplacer cette source d’énergie dans le procédé et l'ampleur du choc énergétique «n'est pas encore estimable», a assuré Holger Eichele.
Des exportations en recul de 19% sur un an
«Sans gaz, les rayons des supermarchés restent vides», a mis en garde lundi la fédération allemande des brasseurs, craignant un conflit en Ukraine qui s’éterniserait et une hausse plus importante du coût des matières premières et du gaz. Par rapport à 2019, soit avant la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, les brasseries allemandes ont écoulé 5,5% de bières en moins au premier semestre.
Malgré une hausse de la consommation en Allemagne de 6,4% sur un an, avec 3,6 milliards de litres de bières consommés entre janvier et juin 2022, les exportations de la filière ont chuté de 19% en un an, entraînant une baisse de 3,8% des ventes du secteur, d’après l’institut statistique fédéral Destatis.
En réaction à la hausse des prix du gaz et des matières premières, comme les céréales, certaines brasseries allemandes ont déjà augmenté leurs tarifs. A noter que les fournisseurs de ces brasseries, comme les fabricants du verre des bouteilles, sont également fortement touchés par les effets de cette crise énergétique.