Pour son premier voyage en Afrique depuis sa réélection, Emmanuel Macron s'envole ce lundi 25 juillet pour le Cameroun, première étape avant une visite au Bénin puis en Guinée-Bissau.
renforcer les liens avec l'afrique centrale
Soucieux de réinventer la relation entre la France et l'Afrique, Emmanuel Macron a multiplié les voyages sur le continent africain au cours de son premier mandat, particulièrement au Maghreb (Algérie, Tunisie...), en Afrique de l'Est (Ethiopie, Kenya...) et de l'Ouest (Mali, Niger, Mauritanie...)
Le président de la République avait jusqu'ici peu visité l'Afrique centrale, excepté lors des obsèques d'Idriss Déby au Tchad l'an dernier. Il se rendra donc ce lundi soir à Yaoundé au Cameroun, puis mercredi au Bénin et enfin jeudi en Guinée-Bissau.
En se rendant en Afrique dès les premiers mois suivant sa réélection, Emmanuel Macron «veut envoyer un signal de priorité politique accordée au continent africain», confie-t-on à l'Elysée en amont du voyage.
assurer la sécurité alimentaire du continent
Le sujet de la crise alimentaire, conséquence de la guerre en Ukraine, sera au cœur du voyage présidentiel alors que les pays africains sont frappés par une forte inflation sur les produits de première nécessité.
En avril dernier, le chef de l'Etat a lancé avec l'Union africaine et l'Union européenne l'initiative «Farm» (Food & Agriculture Resilience Mission), visant notamment à augmenter le potentiel de production agricole du pays en difficulté.
Le but affiché par l'exécutif est de construire un partenariat de production entre l'Europe et l'Afrique et de renforcer des filières agricoles stratégiques pour «donner aux pays africains une perspective de souveraineté alimentaire, comme nous l'avions fait pour les vaccins», explique-t-on encore dans l'entourage du chef de l'Etat.
Le Cameroun, première économie d'Afrique centrale et grand pays agricole, sera le «premier point d'application concret» du projet Farm. La France, qui envoie une grande délégation économique à Yaoundé, se dit prête à soutenir les secteurs des protéines végétales et de l'élevage (lait, viande...).
soutenir la lutte contre le terrorisme
La lutte contre le terrorisme sera particulièrement évoquée au Cameroun, pays confronté aux attaques de Boko Haram, et au Bénin, victime de l'extension de la menace jihadiste au Sahel.
Alors que l'armée française aura complètement quitté le Mali à la fin de l'été, signant la fin de l'opération Barkhane, Paris va proposer son aide aux autorités béninoises. L'aide militaire française n'interviendra qu'à la demande des pays africains, a tenu à rappeler la présidence de la République.
La diplomatie française s'inquiète par ailleurs des activités du groupe paramilitaire russe Wagner dans la région. Présents en soutien du régime malien et centrafricain, les mercenaires affiliés au régime de Vladimir Poutine chercheraient à s'implanter dans d'autres pays du Sahel et de l'Afrique centrale.
En pleine guerre en Ukraine, la signature en avril d'un accord de défense entre le Cameroun et la Russie devrait aussi faire l'objet de discussions, alors que l'influence russe progresse sur le continent.
promouvoir l'Etat de droit
La question de l'Etat de droit se pose dans au moins deux pays traversés par Emmanuel Macron : la Guinée-Bissau, théâtre d'une tentative de coup d'Etat en février dernier et le Cameroun, empêtré dans un conflit avec des régions anglophones séparatistes et dirigé depuis quarante ans par le même président : Paul Biya, 89 ans.
En 2020, Emmanuel Macron avait assuré avoir «mis la pression» sur le dirigeant camerounais pour faire cesser des violences «intolérables». Des propos qui avaient indigné le pouvoir.
«Les enjeux de gouvernance et d'État de droit seront traités à chacune des étapes», assure l'Elysée, tout en précisant qu'il «ne s'agit en aucun cas de s'ériger en donneur de leçons ou de promouvoir un modèle».
Emmanuel Macron pourrait aussi évoquer avec son homologue camerounais la situation de Michel Thierry Atangana, un ingénieur incarcéré entre 1997 et 2014 après avoir été accusé de détournement de fonds au bénéfice d'un opposant au régime. Depuis réfugié en France, il a été reconnu comme victime de détention arbitraire par les Nations unies et réclame des réparations à son pays.