Joe Biden se rend ce vendredi en Arabie saoudite pour une visite déjà très décriée. Avant son élection, le président américain avait promis de traiter la monarchie saoudienne en Etat «paria».
Les droits de l'homme ou le pétrole ? Après avoir promis un statut de «paria» à l'Arabie saoudite, Joe Biden se rend ce vendredi à Jeddah, dans la monarchie du Golfe.
Pour convaincre Riyad de mettre sur le marché plus de pétrole et ainsi calmer l'envolée des cours de l'or noir, Joe Biden est prêt à renouer avec le régime qu'il a jugé responsable de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
La guerre en Ukraine, qui a propulsé les cours du brut à des niveaux plus vus depuis la crise financière de 2008, signe le retour à la Realpolitik pour Joe Biden.
une poignée de main avec «mBS» ?
Sous le feu des critiques, Joe Biden a tenu à justifier la nécessité de ce voyage dans une longue tribune publiée dans le Washington Post. Assurant que ses «vues sur les droits humains sont claires et durables», le démocrate de 79 ans a mis en avant sa volonté de «contrer» la Russie, de se mettre dans «la meilleure position possible» face à la Chine et d'assurer une «plus grande stabilité» au Moyen-Orient.
Washington voudrait surtout que le premier exportateur de brut du monde ouvre les vannes pour faire baisser le prix élevé de l'essence, qui plombe les chances des démocrates aux élections législatives de novembre.
Les experts sont sceptiques quant à la capacité - et la volonté - de l'Arabie saoudite de produire plus de pétrole. D'autant que les efforts de l'administration Biden pour reprendre les discussions avec l'Iran au sujet du nucléaire sont mal vus à Riyad et pourraient mettre à mal les négociations.
Au-delà d'éventuelles annonces, la Maison Blanche sait que l'enjeu de ce déplacement sera surtout celui de l'image. La rencontre avec Mohammed ben Salmane, qu'un rapport déclassifié par Joe Biden a désigné responsable de la mort de Jamal Khashoggi, sera-t-elle rendue publique ?
L'éventuelle photo d'une poignée de main entre les deux hommes légitimerait le retour de l'Arabie saoudite dans le concert des nations et risquerait de détériorer un peu plus l'image du président américain, qui atteint déjà des sommets d'impopularité dans son pays. A ce sujet, la Maison Blanche a fait savoir mercredi qu'en raison du Covid-19, Joe Biden allait «minimiser les contacts».