Empêtré dans une succession de scandales, Boris Johnson subit, depuis ce mardi, une avalanche de démissions au sein du gouvernement fragilisant son autorité. L’homme fort du Brexit refuse, malgré les départs, des élections anticipées. Une délégation de ministres lui a demandé de démissionner. Il a refusé.
Seul contre tous. Depuis mardi soir, Boris Johnson fait face à une vague de démissions au sein du gouvernement qui fragilise son autorité, déjà entamée par une succession de scandales.
Après les départs fracassants des ministres de la Santé Sajid Javid et des Finances, Rishi Sunak, plusieurs autres membres du gouvernement britannique ont claqué la porte, dont le secrétaire d’État chargé de l’Enfance et de la famille, le ministre chargé des normes scolaires et l’assistante auprès du secrétaire d’État aux Transports.
Dans une lettre publiée sur Twitter, Sajid Javid a déclaré que le Premier ministre britannique accusé de mensonge avait «perdu [sa] confiance», et a estimé que les Britanniques étaient en droit d’attendre «de l'intégrité de la part de leur gouvernement». «Le public attend légitimement que le gouvernement soit conduit de manière compétente et sérieuse» et «c'est pourquoi je démissionne», a de son côté écrit Rishi Sunak dans sa lettre à Boris Johnson.
Néanmoins, ce mercredi, six secrétaires d’État supplémentaires ont également jeté l’éponge portant à une trentaine le nombre total des départs et laissant un «BoJo» inquiet faisant face à une «hémorragie» inarrêtable.
«Nous devons demander que, pour le bien du parti et du pays, vous vous retiriez», ont écrit à l’héros du Brexit les secrétaires d'Etat Kemi Badenoch, Neil O'Brien, Alex Burghart, Lee Rowley et Julia Lopez.
Ignorant les appels à partir, Boris Johnson a au contraire affirmé que le «mandat colossal» qui lui avait été confié par les électeurs en 2019 lui conférait le devoir de «continuer».
À en croire la presse britannique, cette avalanche de démissions a pour but de permettre un nouveau vote rapidement, en changeant la règle actuelle qui protège le chef du gouvernement pour encore onze mois.
Alors que sa survie ne tient plus qu’à un fil, Boris Johnson ne veut pas céder à la pression et exclut toute tentative d’organiser des élections anticipées.
«Je ne crois vraiment pas que qui que ce soit dans ce pays veuille que les responsables politiques s'engagent maintenant dans des élections», a-t-il déclaré devant les chefs des commissions parlementaires. «Je crois que nous devons continuer à servir nos électeurs, et nous occuper des problèmes qui importent pour eux», a-t-il ajouté.
Après tous ces départs, une délégation de ministres a demandé au Premier ministre britannique de présenter sa démission. Une hyptohèse écartée par Johnson ; dans la foulée, ce dernier a limogé son ministre du Logement Michael Gove qui avait réclamé son départ.
Un Premier ministre rejeté par la population
Après les scandales qui ont terrassé son mandat, Boris Johnson est dans le viseur des Britanniques. Selon un sondage YouGov réalisé après les démissions de Sajid Javid et Rishi Sunak, 69 % souhaitent le départ de celui qui leur a permis de quitter l’Union européenne.
Avec une inflation record atteignant les 9 % et une succession de scandales, «BoJo» est à un point de non-retour.
Déjà considérablement affaibli par le scandale des fêtes organisées à Downing Street pendant la pandémie de Covid-19, Boris Johnson a survécu il y a quelques semaines à un vote de défiance de son propre camp. Cependant, ce vote de 41 % des députés conservateurs ne l’a davantage pas impressionné.
Hormis les affaires à caractère sexuel au Parlement qui ont entraîné le départ de deux députés, les élections législatives partielles organisées pour les remplacer se sont soldées par de lourdes défaites pour les conservateurs, après de mauvais résultats aux élections locales de mai.
Décidemment, les ambitions de cet orateur pour qui mentir n’a jamais été un problème deviennent de plus en plus compliquées.